
econostrum : Le 2ème sommet des Chefs d'État et de Gouvernement de l’Union pour la Méditerranée devait se dérouler à Barcelone le 7 juin 2010. Il vient d'être reporté au dernier moment. Est-ce un échec pour l’UpM ?
Si l’UpM se veut le cadre de la coopération autour de projets concrets en Méditerranée, elle est aussi inévitablement un cadre de résonance politique du conflit Israël/Palestine.
Bien sûr nous n’allons pas résoudre ce conflit qui dure depuis cinquante ans en quelques mois. Par contre, nous voulons proposer des solutions concrètes pour appuyer toute perspective de règlement de ce conflit. Et novembre peut s’avérer plus propice à cela.
"Ravis du rapport Peillon"
econostrum : Le conflit israélo-palestinien ne semble pas l’unique cause de ce report. Des pays comme la Syrie, l’Egypte voire l’Algérie ne menaçaient-ils pas de boycotter ce sommet ?
Caroline Cornu : Faux ! Il n’a jamais été question pour l’Égypte de boycotter le 2ème sommet de l’UpM. Il n’y a jamais eu de dissension au sein de l’UpM entre Hosni Moubarak et Nicolas Sarkozy. Concernant l'Algérie, vous savez bien que le Président Bouteflika, comme d'autres, annonce parfois au dernier moment sa participation à une réunion internationale. Ce fut d'ailleurs le cas pour le Premier sommet de l'UpM. Alors ne préjugeons pas de sa position. Quant aux autres pays, Miguel Angel Moratinos (ndlr: chef de la diplomatie espagnole) vient de rencontrer récemment leurs responsables et il était revenu avec beaucoup d’espoirs quant à leur participation au sommet.
Caroline Cornu : Côté français, nous sommes ravis du rapport Peillon. C'est un travail précis et très objectif sur les réalisations déjà effectuées par l’UpM et ses perspectives. Nous l'accueillons comme la première reconnaissance politique du travail d’une organisation qui n'affiche finalement que deux ans d’existence…
Les propositions de ce texte s'inscrivent parfaitement dans notre démarche et dans les travaux que nous menons avec nos partenaires. Je pense notamment à la création d’une banque de la Méditerranée, à un Erasmus méditerranéen, à une cour d'arbitrage, à une chaine de télévision, à un Office méditerranéen de la jeunesse… Autant de projets que nous souhaitons présenter au second sommet des Chefs d’État.
"Nous travaillons avec la Commission européenne"
econostrum : Le rapport parle quand même de « clarifier les missions » de l’UpM ? C’est plutôt négatif non ?
Caroline Cornu : Le rapport salue le fait que nos premières orientations - c'est-à-dire les six priorités retenues par les chefs d'État le 13 juillet 2008 à savoir l'eau, l'énergie, la formation, le développement des PME - s’avèrent les bonnes. Nous sommes d'ailleurs en plein processus d’adoption de nombreux projets.
En deux ans, nous avons également travaillé sur de nouvelles priorités stratégiques: l'agriculture par exemple. L'UpM se doit d'apporter une réponse à la crise alimentaire.
Le 15 juin prochain se tiendra au Caire une réunion ministérielle sur l'agriculture qui fera des propositions concrètes pour palier à ce drame. Cette proposition est aussi dans le rapport Peillon. Donc vous voyez, nous sommes sur la même longueur d’ondes !
Contrairement à ce que l'on a pu lire trop souvent, et même s'il y a eu par le passé bien des malentendus et des incompréhensions, les institutions européennes jouent pleinement le jeu de l'UpM. Nous travaillons avec la Commission européenne ainsi qu'avec les parlementaires euro-méditerranéens.
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"Il faut apprendre à se connaître pour se faire confiance"
econostrum : Pourquoi organiser le 27 mai 2010 à Marseille un For’UM ?
econostrum : Contrairement à la première réunion qui s’était tenue à Alexandrie l’an dernier, les entreprises sont invitées à Marseille. Pourquoi ?
Caroline Cornu : Parce qu'inviter les entreprises, c’est aussi mobiliser les sociétés civiles, les créateurs. L’UpM peut devenir leur quotidien, leur projet.
Nous désirons impliquer directement les entreprises du Sud de la Méditerranée, créer des solidarités étroites, raisonner en terme de développement économique endogène.
La Méditerranée ne doit plus être une barrière ou une fracture entre les rives Sud et Nord. Le Nord ne peut plus continuer à se développer sans le Sud, les deux rives doivent le faire ensemble et reformer cette grande communauté de destin qu'est la Méditerranée ! Il faut apprendre à se connaître pour se faire confiance. Ne plus être dans la défiance.
Econostrum : Concrètement, qu’attendez vous de ce For’UM ?
Caroline Cornu : Les deux rives partagent des intérêts communs. En y mettant tous la même volonté, nous pouvons nous donner les moyens de créer cette zone de prospérité partagée dont nous avons l'ambition.
Le processus de Barcelone n'y est pas parvenu. Il s'est concentré sur la coopération bilatérale entre l'Union européenne et les pays méditerranéens sans parvenir à véritablement développer la dimension régionale du partenariat.
L’UpM va au bout de cette difficulté en s’obligeant à proposer des projets à géométrie variable permettant à tous les pays de s’y impliquer s'ils le souhaitent. La dynamique UpM mobilise tous les opérateurs concernés, aussi bien les États, que les collectivités locales, les entreprises ou les institutions financières.
Lors du For’UM, des annonces très concrètes interviendront sur la dynamique énergétique et environnementale, sur le développement des PME innovantes qui veulent investir en Méditerranée. Il y aura aussi des annonces en terme de mobilisation de fonds. Mais je ne peux pas vous en dire plus …