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L'Union grecque des armateurs refuse d'abandonner ses privilèges fiscaux


Rédigé par , le Lundi 13 Juin 2016 - Lu 2633 fois

L'Union grecque des armateurs s'élève contre une remise en cause par l'Union européenne des privilèges fiscaux de leur secteur. Ces privilèges s'inscrivent dans l'article 107 de la Constitution grecque. Les armateurs mettent en garde contre un étalage de linge sale pour toute la marine européenne.


Les armateurs grecs disposent d'une fiscalité avantageuse (photo F.Dubessy)
Les armateurs grecs disposent d'une fiscalité avantageuse (photo F.Dubessy)
"Si nous entrons dans une enquête complète et que les consultations s'engagent  sur ce qui se passe dans le secteur de la marine marchande européenne, cela ouvrira la boîte de Pandore, pas pour la Grèce mais pour d'autres pays." Par ces mots, rien de moins qu’une menace non voilée, le président de l'Union des armateurs grecs a répondu aux menaces de l’Union européenne de remettre  en cause les privilèges du secteur maritime grec, vendredi 10 juin 2016. Theodore Veniamidis s’exprimait au cours d’une conférence de presse en présence de la Commissaire européenne aux transports Violeta Bulc.

C’est dire si chaque mot de son allocution se trouvait pesé. L’Union européenne veut depuis longtemps mettre au pas les armateurs grecs qui sont imposés en fonction du tonnage de leurs bateaux et non de leur bénéfice. Un privilège inscrit dans la constitution grecque en son article 107. L'UE réclame l'exclusion de ce régime préférentiel des intermédiaires d'assurance, des autres intermédiaires maritimes, des courtiers ainsi que des actionnaires de compagnies maritimes. Si Athènes ne satisfait Bruxelles, la
Commission "pourrait ouvrir à son encontre une procédure formelle d'examen en matière d'aides d'État", prévient de son coté Violeta Bulc.

Menace de départ de Grèce

Les armateurs grec veulent conserver leurs privilèges (photo Port du Pirée)
Les armateurs grec veulent conserver leurs privilèges (photo Port du Pirée)
Ce qui agace particulièrement les armateurs grecs c’est que l'Union européenne n’exige pas la même chose des armateurs néerlandais, allemands ou français. L'objectif de la commission ne serait pas tant la justice fiscale qu’une neutralisation de la force de la marine marchande grecque, la première flotte mondiale avec cependant cinquante de ses navires battant pavillon étranger.
 
L’imposition des armateurs ne pourra se faire "que si elle est commune à toute l’Europe" souligne de son coté Stelios Komidis, trader maritime. "Sinon, ils prendront leurs bateaux pour les installer dans le pays le plus avantageux fiscalement.
Outre le modification de la Constitution -très difficile-  c’est ce dernier point qui fait peur à tous les gouvernements grecs quels qu’ils soient. "Les armateurs sont très volatiles. Certes ils sont patriotes mais s'ils perdent trop d’argent, le sens des affaires prendra le dessus" lâche Stelios Komidis.
 
A l’ouverture de Posidonia (6 au 10 juin 2016 à Athènes), le plus grand salon d’Europe de la Marine Marchande, le premier ministre grec a appelé les armateurs  "à faire confiance au gouvernement pour procéder aux réformes nécessaires et sortir le pays de la crise."  Autant dire qu’Alexis Tsipras n’est pas prêt de lâcher ces "taxis de la mer" comme aime à se définir Nicos Vernicos, armateur depuis quatre générations. "90% des biens sont transportés par bateaux, nous ne serons jamais au chômage" lance-t-il. "Mais, si la Grèce n’est plus avantageuse, nous serons obligés de partir. Même si cela nous fait beaucoup de peine car nous aimons notre pays" conclue-t-il sans sourciller.  

Avant cela, "ils livreront  bataille avec Bruxelles" prédit Stelios Komidis. D’où les piques de Theodore Veniamidis face la Commissaire européenne : "Les armateurs grecs ne vont pas balancer les autres pays recourant à des lois labyrinthiques et à des astuces pour protéger leurs propres armateurs, souligne-t-il. "mais si les choses tournent à l'aigre, nous ne serons pas responsables", prévient–il.

La concurrence asiatique en ligne de mire

Nicos Vernicos, armateur grec prêt à partir (photo A.Kourounis)
Nicos Vernicos, armateur grec prêt à partir (photo A.Kourounis)
La marine marchande  grecque reste avec le tourisme la seconde mamelle de l’économie nationale. Elle entre pour plus de 7% dans le PIB du pays avec 15 mrds€ et représente 3,5 % des emplois.

Pour autant  Bruxelles n’est pas le seul souci des armateurs grecs.
Leur collègues asiatiques deviennent de plus en plus dangereux pour la suprématie grecque en la matière. "Nous devons rester compétitifs face aux armateurs asiatiques" a martelé Theodore Veniamidis.
 
Le montant total de l’imposition sur le revenu en 2013 s'élevait à 59 M€, soit  à peu près autant que les recettes d’impôts du personnel marin (57 M€). Alors que les profits des compagnies maritimes sont estimés à 12 mrds€.
Selon  l’économiste Yiannis Tollios, les bénéfices cumulés des armateurs grecs ces dix dernières années se montent à 175 mrds€.




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