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L'UE prépare le Maghreb à recevoir l'aide internationale en cas de catastrophe


Rédigé par , le Mardi 23 Septembre 2014 - Lu 3604 fois

L’Union européenne forme toute cette semaine à Rabat des représentants du Maroc, de la Tunisie, de l’Algérie et de l’Égypte à accueillir de façon coordonnée et efficace l’aide internationale en cas de catastrophe majeure dans leur pays.


Le premier risque encouru par les pays du sud de la Méditerranée est formé par les innondation (photo PPRD)
Le premier risque encouru par les pays du sud de la Méditerranée est formé par les innondation (photo PPRD)
MAROC. « Lors du séisme d’Al Hoceima, nous avons reçu l’aide nationale et internationale. Je peux vous confirmer qu’il y a eu de la pagaille », reconnait Hicham Choukry, représentant le Maroc lors de l'atelier régional de formation organisé par l’Union européenne dans le cadre du programme Prevention, Preparedness, Response to natural and man made Disasters (PPRD) Sud II, commencé lundi 22 septembre 2014 à Rabat. Des représentants de Tunisie, d’Égypte, d’Algérie et du Maroc sont formés au mécanisme de Soutien par la Nation Hôte (HNS), c'est-à-dire à demander l’aide internationale en cas de catastrophe dans leur pays, mais surtout à la coordonner.

« Il faut être préparé à accueillir l’aide internationale. Savoir où, par quels ports et aéroports arrivera l’aide. Prévenir les douaniers, savoir accueillir les équipes pour qu’elles ne restent pas bloquées à l’aéroport par des formalités administratives, savoir où et comment les équipes doivent se rendre en fonction des besoins, et savoir à qui les adresser, savoir qui va coordonner l’ensemble », explique Raphaël Roche, expert européen en protection civile. Autant d’éléments qui, mal gérés, rendent l’aide internationale contre-productive.

Les mêmes risques partout en Méditerranée

Le Maroc connaît les risques auxquels il est confronté. « L’axe Casablanca-Rabat-Kenitra est caractérisé […] par une forte concentration des activités industrielles et commerciales de transport de matière dangereuse ainsi que par l’existence d’usines chimiques ou encore de stocks de produits pétroliers », souligne le général Abdelkrim El Yaagoubi, inspecteur de la protection civile marocaine.  Les risques naturels au Maroc « sont les mêmes, à quelques nuances près, dans tout le bassin méditerranéen : les tremblements de terre, les tsunamis, dans une moindre mesure, les crues dévastatrices et les feux de forêts », énumère Raphaël Roche,

S’ajoute, au Maghreb, le risque « acridien ». « La dernière invasion de criquets pèlerins remonte à 2004. Depuis nous avons mis en place un fonds dédié à la gestion de ce risque et l’armée opère une surveillance au niveau de la frontière avec les pays subsahariens », détaille Hicham Choukry. Cette année-là, le Maroc avait livré gratuitement 50 000 litres de pesticides à la Mauritanie qui faisait face au fléau, car « les catastrophes ne s’arrêtent pas à la frontière », rappelle Laurent de Pierrefeu, expert européen en protection civile et formateur pour le PPRD. Plus rationnel que généreux, le royaume considérait simplement qu’en aidant la Mauritanie il pouvait freiner la progression de l’essaim dévastateur.

Incendie au Portugal (photo BL)
Incendie au Portugal (photo BL)

Mutualiser les moyens

La coordination est une nécessité qui n’a plus guère à voir avec la générosité ou le rapport pays riche/pays en développement ou nord/sud « Aujourd’hui tous les pays admettent qu’un jour ou l’autre ils auront forcément besoin de l’aide internationale. Ils s’y préparent aujourd’hui et sont prêts à aider les autres pays pour être aidés en retour en cas de besoin », insiste Raphaël Roche.

Les feux de forêts constituent l’exemple le plus fréquent et donc le mieux géré de l’entraide internationale au niveau méditerranéen. Impossible pour un pays d’acheter, d’entretenir et de renouveler une flotte de canadairs suffisante pour éteindre un incendie géant comme il n’en arrive que tous les vingt ans. Dans ce cas, la coopération internationale permet de mutualiser les équipes de secours et les matériels disponibles. En 2013, le Maroc a reçu l’aide de plusieurs canadairs espagnols à Agadir pour éteindre un incendie de plus de 800 ha. En sens inverse, lorsque le Portugal faisait face à un incendie dévastateur et incontrôlable, en 2003, le Maroc avait apporté son aide ainsi que plusieurs autres pays de la région. 

La stabilité des Etats en jeu

L’entraide est économiquement rentable pour tous. Une catastrophe naturelle peut coûter des sommes considérables à un État. Les inondations dans le Gharb ont par exemple causé des dégâts évalués à 1 milliard de dirhams (90 M€), selon Hicham Choukry. « Plus les conséquences d’une catastrophe sont limitées, plus l’activité économique peut reprendre rapidement et le redressement du pays sera d’autant plus rapide à son tour. La gestion des risques a donc un effet sur la stabilité des États », insiste Raphaël Roche. Or, se préparer à coordonner les secours, anticiper sur les difficultés ne demande pas de gros investissements financiers.

Dans le cas du programme PPRD Sud II les pays du Maghreb et du pourtour méditerranéen reçoivent ces formations gratuitement. « Il existe des volets financiers aujourd’hui qui permettre de déployer des experts européens vers des pays étrangers, mais aucun financement », précise Laurent de Pierrefeu. Le budget alloué par l’UE de 2013 à 2016 pour le programme PPRD Sud II s’élève tout de même à 5 M€.




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