LIBYE. Une fois de plus, l'ONU s'inquiète de la situation politique en Libye, tout en montrant son impuissance. L'instabilité est au plus fort avec deux gouvernements parallèles s'opposant dans ce pays qui semble retourner vers ses vieux démons. Ceux responsables de l'enclenchement de la seconde guerre civile (2014-2020).
"La Libye est désormais confrontée à une nouvelle phase de polarisation politique qui risque de diviser, une fois de plus, ses institutions et d'annuler les progrès réalisés au cours des deux dernières années", indiquait, mercredi 16 mars 2022, Rosemary DiCarlo devant le Conseil de sécurité des Nations Unies. La secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix constate également "une augmentation des violations des droits de l'homme rapportées, des discours de haine, de la diffamation et des menaces, ainsi que des violences à l'encontre des militants, des journalistes et des acteurs politiques."
Le 10 février 2022, la Chambre des Représentants (HoR) basée à Tobrouk, à l'est du pays, a nommé un nouveau Premier ministre, Fathi Bachagha, ancien ministre de l'Intérieur, qui s'est empressé de rejoindre Tripoli pour exercer son pouvoir. Or, un Premier ministre se trouvait, et se trouve toujours puisqu'il refuse de renoncer à tenir les commandes dans la capitale tant que les urnes ne se seront pas exprimées. Abdel Hamid Dbeibah s'accroche à son fauteuil de chef du Gouvernement de l'unité nationale (GNU) occupé depuis mars 2021. Il tient sa légitimité du Forum du dialogue politique libyen qui l'y a porté pour un mandat jusqu'au 24 juin 2022.
"La Libye est désormais confrontée à une nouvelle phase de polarisation politique qui risque de diviser, une fois de plus, ses institutions et d'annuler les progrès réalisés au cours des deux dernières années", indiquait, mercredi 16 mars 2022, Rosemary DiCarlo devant le Conseil de sécurité des Nations Unies. La secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix constate également "une augmentation des violations des droits de l'homme rapportées, des discours de haine, de la diffamation et des menaces, ainsi que des violences à l'encontre des militants, des journalistes et des acteurs politiques."
Le 10 février 2022, la Chambre des Représentants (HoR) basée à Tobrouk, à l'est du pays, a nommé un nouveau Premier ministre, Fathi Bachagha, ancien ministre de l'Intérieur, qui s'est empressé de rejoindre Tripoli pour exercer son pouvoir. Or, un Premier ministre se trouvait, et se trouve toujours puisqu'il refuse de renoncer à tenir les commandes dans la capitale tant que les urnes ne se seront pas exprimées. Abdel Hamid Dbeibah s'accroche à son fauteuil de chef du Gouvernement de l'unité nationale (GNU) occupé depuis mars 2021. Il tient sa légitimité du Forum du dialogue politique libyen qui l'y a porté pour un mandat jusqu'au 24 juin 2022.
Echec de l'organisation des élections
Voir aussi
-
Israël se prononce pour la solution à deux États pour régler son conflit avec la Palestine
-
Le FMI critique la lenteur dans la mise en œuvre des réformes au Liban
-
Le Liban va pouvoir extraire son propre gaz naturel
-
La Cnuced s'alarme de l'augmentation du chômage et de la pauvreté en Palestine
-
Abdoulaye Bathily devient le nouvel envoyé spécial du secrétaire général de l'Onu en Libye
Le Premier ministre intérimaire avait cependant pour charge d'organiser une élection présidentielle, la première du pays depuis sa création, avant d'ouvrir le champ à des législatives. Elle était prévue le 24 décembre 2021, avant d'être reportée au 24 janvier 2021, puis aux calendes grecques, les conditions d'un vote national n'étant pas réunies. La Chambre des Représentants interprète cette impossibilité de réussir à mettre en place ce passage aux urnes comme un échec. Son président Aguila Saleh, à la manœuvre pour placer le maréchal Khalifa Haftar à la tête de la Libye, estime que le non-respect des échéances fixées rend le mandat d'Abdel Hamid Dbeibah caduc. D'où la nomination de Fathi Bachagha, mais aussi la démission de plusieurs ministres du GNU ralliant son camp.
Reste que certains députés, à l'image de Mohammed Al-Raied, ne partagent pas ce constat. Ils constituent un bloc d'opposition pour chasser Aguila Saleh de sa présidence omnipotente exercée depuis huit ans, alors qu'aucune législative n'a eu lieu dans le pays depuis le 25 juin 2014. Les 188 membres de la HoR (sur 200 prévus mais la guerre civile n'a pas permis d'organiser le scrutin dans toutes les circonscriptions) avaient alors été élus pour... un an.
Basé à Tripoli, comme le GNU, le Haut-Conseil d'État, Chambre haute issue de l'Accord politique libyen de fin décembre 2015 soutenu par l'Onu, a rejeté le 24 février 2022 la nomination d'un nouveau Premier ministre.
La partition de l'Est contre l'Ouest recommence à faire entendre sa musique militaire. Une marche funèbre déjà entendue de 2014 à 2020 lors de la seconde guerre civile libyenne qui s'étaient soldée par au moins 14 500 morts dont 2 400 civils selon l'Acled (Armed conflict location and event data project de l'Université du Sussex).
Reste que certains députés, à l'image de Mohammed Al-Raied, ne partagent pas ce constat. Ils constituent un bloc d'opposition pour chasser Aguila Saleh de sa présidence omnipotente exercée depuis huit ans, alors qu'aucune législative n'a eu lieu dans le pays depuis le 25 juin 2014. Les 188 membres de la HoR (sur 200 prévus mais la guerre civile n'a pas permis d'organiser le scrutin dans toutes les circonscriptions) avaient alors été élus pour... un an.
Basé à Tripoli, comme le GNU, le Haut-Conseil d'État, Chambre haute issue de l'Accord politique libyen de fin décembre 2015 soutenu par l'Onu, a rejeté le 24 février 2022 la nomination d'un nouveau Premier ministre.
La partition de l'Est contre l'Ouest recommence à faire entendre sa musique militaire. Une marche funèbre déjà entendue de 2014 à 2020 lors de la seconde guerre civile libyenne qui s'étaient soldée par au moins 14 500 morts dont 2 400 civils selon l'Acled (Armed conflict location and event data project de l'Université du Sussex).
Aucun budget national adopté depuis février 2021

Alors que le pays est à reconstruire après deux guerres civiles, les politiques n'arrivent pas à se mettre d'accord sur une gouvernance et à organiser des élections (photo: OCHA/Giles Clarke)
L'impasse politique est dénoncée urbi et orbi par l'Onu qui voit tout le travail de réunification engagé sous son égide depuis deux ans, se désagréger petit à petit. Alors que la Libye doit au plus vite disposer d'une gouvernance sortie des urnes pour entamer les vastes chantiers nécessaires pour reconstruire et retrouver une économie florissante après dix ans de guerres civiles. Aucun budget national n'a été adopté depuis février 2021, et encore, il ne l'était que pour deux mois. La HoR refuse de les voter.
L'Onu souligne d'ailleurs le "manque de contrôle et de clarté des dépenses publiques". Mais aussi des entraves au fonctionnement de la NOC (National Oil Corporation), la compagnie nationale pétrolière qui apporte 95% des revenus des pays (21,55 mrds$ en 2021 de recettes nettes avec les hydrocarbures). Son président depuis mai 2014, l'inamovible Mustafa Sanalla, se trouvait en total désaccord avec Mohamed Aoun, ex-ministre du Pétrole depuis peu. Il vient en effet de se rallier au nouveau Premier ministre alors qu'il a tenté plusieurs fois (notamment durant l'été 2021) de mettre sur la touche le président de la NOC.
"Notre priorité est de nous concentrer sur la réalisation des aspirations des plus de 2,8 millions de Libyens qui se sont inscrits sur les listes électorales", souligne Rosemary DiCarlo. "Ils devraient pouvoir choisir leurs dirigeants dans le cadre d'élections crédibles, transparentes et ouvertes à tous, conformément à un cadre constitutionnel et juridique convenu", remet-elle sur la table. Pour la Haute commission électorale nationale libyenne (HNEC), les conditions ne sont pas réunies à cause d'une loi électorale insuffisante (et modifiée unilatéralement par le Parlement) et la difficulté de valider certains candidats pour la Présidentielle. Ce message, elle le porte depuis des mois, mais tout le monde semble faire la sourde oreille ou pire pratique la méthode Coué, comme l'Onu et d'une façon générale les puissances occidentales.
Pour créer une brèche dans le mur qui s'érige entre l'Ouest et l'Est, Stéphanie Williams, Conseillère spéciale du Secrétaire général de l'Onu, suggère de créer une commission mixte, composée de membres de la Chambre des Représentants et du Haut-Conseil d'État. Son rôle: trouver un terrain d'entente et relancer le processus électoral dans les plus brefs délais, et en tout cas en 2022. Stéphanie Williams propose également de servir de médiatrice entre Abdel Hamid Dbeibah et Fathi Bachagha.
L'Onu souligne d'ailleurs le "manque de contrôle et de clarté des dépenses publiques". Mais aussi des entraves au fonctionnement de la NOC (National Oil Corporation), la compagnie nationale pétrolière qui apporte 95% des revenus des pays (21,55 mrds$ en 2021 de recettes nettes avec les hydrocarbures). Son président depuis mai 2014, l'inamovible Mustafa Sanalla, se trouvait en total désaccord avec Mohamed Aoun, ex-ministre du Pétrole depuis peu. Il vient en effet de se rallier au nouveau Premier ministre alors qu'il a tenté plusieurs fois (notamment durant l'été 2021) de mettre sur la touche le président de la NOC.
"Notre priorité est de nous concentrer sur la réalisation des aspirations des plus de 2,8 millions de Libyens qui se sont inscrits sur les listes électorales", souligne Rosemary DiCarlo. "Ils devraient pouvoir choisir leurs dirigeants dans le cadre d'élections crédibles, transparentes et ouvertes à tous, conformément à un cadre constitutionnel et juridique convenu", remet-elle sur la table. Pour la Haute commission électorale nationale libyenne (HNEC), les conditions ne sont pas réunies à cause d'une loi électorale insuffisante (et modifiée unilatéralement par le Parlement) et la difficulté de valider certains candidats pour la Présidentielle. Ce message, elle le porte depuis des mois, mais tout le monde semble faire la sourde oreille ou pire pratique la méthode Coué, comme l'Onu et d'une façon générale les puissances occidentales.
Pour créer une brèche dans le mur qui s'érige entre l'Ouest et l'Est, Stéphanie Williams, Conseillère spéciale du Secrétaire général de l'Onu, suggère de créer une commission mixte, composée de membres de la Chambre des Représentants et du Haut-Conseil d'État. Son rôle: trouver un terrain d'entente et relancer le processus électoral dans les plus brefs délais, et en tout cas en 2022. Stéphanie Williams propose également de servir de médiatrice entre Abdel Hamid Dbeibah et Fathi Bachagha.