
ITALIE. Moteur traditionnel de l’économie italienne avec un chiffre d’affaires direct et induit de 155 mds€ qui représente 9,7 % du PIB, le tourisme a encore connu de sérieux ratés en 2009.
Même si tous les bilans ne sont pas encore arrêtés, tout porte à croire que les 12 derniers mois seront dans la lignée de 2008, annus horribilis pour l’industrie touristique transalpine.
Le ministère du Tourisme - ressorti de la naphtaline en mai 2009 par Silvio Berlusconi, un signe ! - confirme le tassement de l’activité. Selon les premiers chiffres publiés, la crise a contracté le portefeuille des touristes, dont les dépenses ont diminué de 8%. Et si le nombre des départs n’a, lui, pas été affecté, c’est au prix d’un raccourcissement de la durée des séjours et d’un recours plus fréquent aux vacances dans les résidences secondaires.
Malgré le rebond enregistré durant les fêtes de fin d’année, « les premiers résultats 2009 n’incitent guère à l’optimisme », se désole Bernabò Bocca, le président de la Fédération italienne de l’hôtellerie et du tourisme (Federalberghi-Confturismo).
Selon l’enquête réalisée auprès d’un millier d’établissements, l’année écoulée s’est conclue par une chute de 3,8% de la fréquentation touristique (italienne et étrangère), « un recul qui équivaut à 10 millions de nuitées en moins et à 3,5 millions d’annulations de séjours de dernière minute », indique Bernabò Bocca.
Une perte de 1,7 md€
Traduite en chiffres sonnants et trébuchants, cette désaffection se révèle encore plus douloureuse pour les professionnels. « Entre les dépenses directes et indirectes, c’est un manque à gagner d’au moins 1 md€ pour le secteur de l’hôtellerie et d’environ 1,7 md€ pour l’ensemble de l’industrie touristique », soupire le président de la Federalberghi.
Ce marasme se répercute sur les prix. Selon l’Istat (l’Insee italien), les hôtels ont baissé leurs tarifs de plus de 2%, une déflation qui a rogné leurs recettes d’environ 700 M€, les contraignant à renvoyer à la maison près de 12 000 employés, soit l’équivalent de 4,7% des effectifs du secteur de l’hôtellerie.
Cette purge a également laissé sur le carreau près de 50 000 salariés dans l’ensemble du secteur touristique et 25 000 dans les secteurs connexes de l’agroalimentaire et du commerce.
Avec cette avalanche de mauvais chiffres, les professionnels ont le moral dans les « calze ». D’autant que l’année 2010 s’annonce incertaine... Un flou qui incite le président de Federalberghi à tirer la sonnette d’alarme. Celui-ci en appelle aux pouvoirs publics - Etat et collectivités – pour qu’ils organisent « très rapidement une table ronde » avec l’ensemble des acteurs concernés - syndicats, organisations professionnelles - « afin d’explorer les pistes permettant d’enrayer le déclin de l’activité ».
Les tours opérateurs face à la concurrence du web
Chez les tours opérateurs transalpins, la tonalité est la même. L'Astoi (Association des tours opérateurs italiens) note une baisse d’activité de 10% en 2009, une chute que les professionnels imputent autant à la crise qu’à la montée en puissance des réservations par internet et des offres low cost.
Cette émergence du modèle internet, qui capte désormais près d’un tiers de la clientèle des séjours organisés, pousse les professionnels à s’interroger sur leur organisation. Le marché italien est en effet très fragmenté, disséminé entre une multitude d’opérateurs de petite taille, un handicap rédhibitoire face à la concurrence des « web agencies », et des mastodontes européens dont le chiffre d’affaires annuel approche les 34 mds€ quand le CA cumulé des 45 plus grands tours opérateurs transalpins plafonne sous les 6 mds€.
Pour résister, l’Astoi avance deux pistes : l’instauration d’un système de bonus-malus pour les agents de voyage, afin d’encourager les meilleurs vendeurs en leur proposant les meilleurs tarifs, et un allègement du régime fiscal aligné sur leurs concurrents européens.
Les aéroports en baisse de 2,3 %
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Dans le ciel italien, les nuages de la conjoncture ont également bouché l’horizon. Le nombre de passagers dans les aéroports italiens a chuté de 2,3% en 2009, passant de 133,13 à 130,05 millions. Les principales victimes sont les aéroports des grandes villes : Milan-Linate (-10,5%), Milan-Malpensa (-8,7%), Naples (-5,7%) et Rome-Fiumicino (-4%).
Les seules plates-formes à tirer leur épingle du jeu sont les aéroports de Bologne et Bergame (Orio al Serio), qui ont vu leur fréquentation grimper de respectivement 13,2% et 10,4%. Avec 7,16 millions de passagers, l’aéroport de Bergame, devenu un des principaux hub des compagnies low cost dans le nord de la botte, se hisse même pour la première fois de son histoire au quatrième rang italien derrière ses homologues romain et milanais.
L'irrésistible émergence du low cost
Cette émergence de Bergame est symptomatique de l’irrésistible ascension des compagnies à bas coût qui, avec 43,3 millions de passagers, représentaient 32,6% du marché transalpin en 2008 (contre 89,5 millions pour les compagnies traditionnelles).
Face à la santé insolente des Ryanair et autres Easy Jet, les compagnies traditionnelles font pâle figure. A commencer par Alitalia. Selon son administrateur délégué, Rocco Sabelli, la compagnie nationale new look devrait clore l’année 2009 avec une perte de 300 M€, supérieure aux prévisions. Ce mauvais chiffre laisse planer de sérieux doutes sur le retour à l’équilibre annoncé pour la fin 2010 par les repreneurs.
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