ALGÉRIE. Si la crise de 2008 avait épargné une Algérie très peu connectée au système financier international, celle de 2014 qui a vu les prix du pétrole plonger en quelques mois ne l’a pas épargnée. La remontée des prix consécutive à l’accord de réduction de la production de l’OPEP intervenu à Vienne le 30 novembre 2016 devrait permettre à l’Algérie de conserver une marge de manœuvre sans pour autant lever le voile d’incertitude qui entoure l’avenir économique du pays. Les inconnues qui pèsent sur le marché mondial s’avèrent trop sérieuses pour permettre tout optimisme inconsidéré.
Rien n’indique que les pays producteurs OPEP et non-OPEP respecteront leurs quotas respectifs. Les raisons géostratégiques qui ont, entre autres, poussé l’Arabie Saoudite à lancer sa guerre des prix demeurent : rivalité avec l’Iran, guerre au Yémen… Le marché n’est pas à l’abri d’une nouvelle et suicidaire surproduction.
Placés en embuscades, les producteurs de schistes et même de charbon encouragés par l’élection de Donald Trump hypothèquent déjà toute perspective de hausse substantielle des prix.
L’économie mondiale ne donne pas de signes de reprise et de croissance solide et durable.
Enfin, si l’ère des énergies fossiles n'est pas terminée, tout indique qu’une course aux énergies de substitution « propres » et renouvelables est engagée, ce qui devrait contribuer à relativiser davantage la place du pétrole et du gaz.
Rien n’indique que les pays producteurs OPEP et non-OPEP respecteront leurs quotas respectifs. Les raisons géostratégiques qui ont, entre autres, poussé l’Arabie Saoudite à lancer sa guerre des prix demeurent : rivalité avec l’Iran, guerre au Yémen… Le marché n’est pas à l’abri d’une nouvelle et suicidaire surproduction.
Placés en embuscades, les producteurs de schistes et même de charbon encouragés par l’élection de Donald Trump hypothèquent déjà toute perspective de hausse substantielle des prix.
L’économie mondiale ne donne pas de signes de reprise et de croissance solide et durable.
Enfin, si l’ère des énergies fossiles n'est pas terminée, tout indique qu’une course aux énergies de substitution « propres » et renouvelables est engagée, ce qui devrait contribuer à relativiser davantage la place du pétrole et du gaz.
Un tournant ambitieux
Confrontées à l’ensemble de ces incertitudes, les autorités algériennes n’entendent pas renoncer à l’exploitation des énergies fossiles qui procurent toujours l’essentiel des rentrées en devises à un pays qui importe au-dessus de ses moyens. Le déficit de la balance commerciale du pays s’est creusé au premier semestre de 2016 pour atteindre 10,83 mrds$ contre 8,51 mrds$ au cours de la même période de 2015. L’actuelle « crise pétrolière » n’étant pas simplement conjoncturelle, contrairement à celle de 1986, les autorités affirment que la priorité est l’après-pétrole.
Menée officiellement sous le sceau de l’urgence, la « nouvelle stratégie » du gouvernement algérien s’avère en réalité plus ambitieuse.
Elle se fixe pour objectif d’achever les réformes entamées depuis le début des années 1980 afin de créer, selon les propos du ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, une « dynamique sans précédent qui vise, à moyen terme, une intégration effective et positive de l’économie algérienne dans le système économique mondial. »
Menée officiellement sous le sceau de l’urgence, la « nouvelle stratégie » du gouvernement algérien s’avère en réalité plus ambitieuse.
Elle se fixe pour objectif d’achever les réformes entamées depuis le début des années 1980 afin de créer, selon les propos du ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, une « dynamique sans précédent qui vise, à moyen terme, une intégration effective et positive de l’économie algérienne dans le système économique mondial. »
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Le gouvernement renoue, modestement pour l’instant, avec l’endettement extérieur. Un prêt de 900 M$ a été contracté auprès de la Banque africaine de développement (BAD). La possibilité d’emprunter auprès des autorités chinoises pour financer certains projets économiques (port du Centre…) a été évoquée ces derniers mois.
L’exécutif tente d’attirer les Investissements directs étrangers (IDE). Les entreprises du Qatar, d’Arabie saoudite, de Turquie, de France, d’Italie, d’Allemagne, de Chine ou de Corée… sont particulièrement ciblées. Des sociétés mixtes se forment avec des partenaires étrangers dans l’automobile, le textile, l’acier, l’agriculture…
Sur le plan interne, l’échec du passage en force en matière de privatisation des entreprises publiques a laissé place à une approche basée sur le partenariat public-privé algérien et étranger. Il s’agit de favoriser l’entrée d’actionnaires privés dans le capital des entreprises publiques.
Les aides à l’exportation en vue de compenser la chute des rentrées pétrolières se multiplient alors que la tenue, les 3, 4 et 5 décembre 2016, du Forum africain d’investissements et d’affaires d’Alger se donnait pour objectif de booster les liens et échanges entre pays du continent.
L’exécutif tente d’attirer les Investissements directs étrangers (IDE). Les entreprises du Qatar, d’Arabie saoudite, de Turquie, de France, d’Italie, d’Allemagne, de Chine ou de Corée… sont particulièrement ciblées. Des sociétés mixtes se forment avec des partenaires étrangers dans l’automobile, le textile, l’acier, l’agriculture…
Sur le plan interne, l’échec du passage en force en matière de privatisation des entreprises publiques a laissé place à une approche basée sur le partenariat public-privé algérien et étranger. Il s’agit de favoriser l’entrée d’actionnaires privés dans le capital des entreprises publiques.
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Les voyants du social s’allument
En attendant que la stratégie de l’après-pétrole porte ses fruits, que les IDE affluent et que les exportations hors-hydrocarbures deviennent consistantes, le gouvernement a lancé un emprunt obligataire entre avril et octobre 2016. Selon le ministre des Finances, cette initiative a permis à l’Etat de collecter plus de 5 mrds$.
Ce montant n’est pas négligeable, mais il s’avère insuffisant pour écarter tout risque. L’exécutif a ainsi eu recours aux vieilles recettes universelles des temps de crise : augmenter la TVA (2%), les prix du gaz et de l’électricité, accroître les impôts (généralisation de la taxe d’habitation), annuler ou geler de nombreux investissements et les salaires des fonctionnaires, supprimer la retraite anticipée…
De telles mesures ont provoqué un large mécontentement populaire. Des manifestations d’habitants du Sud qui ont vu leur facture énergétique estivale exploser se sont multipliées. Les syndicats autonomes essentiellement présents dans la Fonction publique ont mené plusieurs mouvements de grève en octobre et novembre 2016 pour exiger l’annulation de la décision de suppression de la retraite anticipée. Les salariés des zones industrielles de Rouiba (Est d’Alger) et du Sud sont sortis pour protester contre cette même loi, à l’appel de leurs syndicats pourtant affiliés à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) qui soutient la politique du gouvernement.
Les chômeurs se remobilisent pour exiger des emplois. Leur exemple est suivi par les étudiants (pétrole, pharmacie…) qui s’inquiètent de l’absence de débouchés…
L’effervescence sociale a d’autant plus de chances de persister que le gouvernement n’a pas pris la peine de négocier ou, à tout le moins, de se concerter avec les partenaires sociaux. Il tend à recourir de plus en plus systématiquement à la répression : condamnation de représentants de mouvements de chômeurs, interpellation de syndicalistes lors d’un rassemblement devant le siège de l’Assemblée populaire nationale (APN) le 26 novembre 2016.
La parenthèse de l’aisance financière semble durablement s’éloigner. Le temps des vaches maigres est arrivé. Et avec lui le doute s’installe…
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"La rente pétrolière a nourri à peu près toutes les dérives de l'économie algérienne"
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