econostrum.info : Vous parlez de l'impossibilité future d'un État palestinien. Pourquoi tant de pessimisme ?
Sébastien Boussois : Je crois que, malheureusement, sur le Moyen-Orient tout le monde peut être pessimiste ! Je ne vois pas comment les Palestiniens et les Israéliens pourraient revenir à la table des négociations dans cette situation inextricable pour chacune des deux parties en terme de politique nationale.
L'échec des négociations de Camp David en 2000 a plongé la situation dans un trou noir chez les Israéliens et les Palestiniens mais aussi du côté de l'administration américaine. Rien n'a été rattrapé depuis. Au contraire, avec la radicalisation de la société israélienne il n'existe plus de gauche, plus d'alternative, plus une forme de gauche ou de centre gauche qui voudrait véritablement aller dans ce sens là. Les Palestiniens, dans l'impuissance et dans la fatigue, font à un moment des choix de rébellion, de révolte, existent, surgissent, disparaissent...Et il n'existe plus de négociation.
Tant que la colonisation se poursuivra, alors que depuis quarante ans le droit international et les Nations-Unies demandent un retrait du territoire ce qu'Israël refuse et rejette, je ne vois pas comment l'État palestinien pourrait exister aujourd'hui. Au delà du fait que la communauté internationale se satisfasse d'une proclamation d'un État qui n'est qu'un État fantoche.
Sébastien Boussois : Je crois que, malheureusement, sur le Moyen-Orient tout le monde peut être pessimiste ! Je ne vois pas comment les Palestiniens et les Israéliens pourraient revenir à la table des négociations dans cette situation inextricable pour chacune des deux parties en terme de politique nationale.
L'échec des négociations de Camp David en 2000 a plongé la situation dans un trou noir chez les Israéliens et les Palestiniens mais aussi du côté de l'administration américaine. Rien n'a été rattrapé depuis. Au contraire, avec la radicalisation de la société israélienne il n'existe plus de gauche, plus d'alternative, plus une forme de gauche ou de centre gauche qui voudrait véritablement aller dans ce sens là. Les Palestiniens, dans l'impuissance et dans la fatigue, font à un moment des choix de rébellion, de révolte, existent, surgissent, disparaissent...Et il n'existe plus de négociation.
Tant que la colonisation se poursuivra, alors que depuis quarante ans le droit international et les Nations-Unies demandent un retrait du territoire ce qu'Israël refuse et rejette, je ne vois pas comment l'État palestinien pourrait exister aujourd'hui. Au delà du fait que la communauté internationale se satisfasse d'une proclamation d'un État qui n'est qu'un État fantoche.
"Israël préfère les dictatures dans son voisinage"
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Qu'ont changé les printemps arabes dans la stratégie d'Israël qui s'est cru d'abord menacé ?
S.B. : Les Printemps arabes ont d'abord inquiété effectivement au début Israël. Elle était entourée de dictatures relativement confortables. Finalement, il s'agissait de relations froides mais plus intéressantes que toute évolution ou tout mouvement. Toute révolution inquiète bien évidemment n'importe quel pays, à commencer par le pays lui-même mais aussi ses voisins.
Avec la guerre en Syrie, Israël avait peur que Bachar El Assad tombe tout de suite. Avec l'arrivée des Frères musulmans en Égypte venait l'instabilité politique dans le Sinaï mais aussi la crainte que Mohamed Morsi déchire le traité de paix. Bachar El Assad se trouve toujours au pouvoir, la dictature est revenue en Égypte. Rassurée, Israël a toujours préféré cette situation pour ses relations diplomatiques de premier voisinage, quand elle ne collaborait pas directement comme avec la Jordanie.
Du coup, tout ce nuage de fumée de "Printemps arabes" a permis d'évincer encore plus la question palestinienne.
S.B. : Les Printemps arabes ont d'abord inquiété effectivement au début Israël. Elle était entourée de dictatures relativement confortables. Finalement, il s'agissait de relations froides mais plus intéressantes que toute évolution ou tout mouvement. Toute révolution inquiète bien évidemment n'importe quel pays, à commencer par le pays lui-même mais aussi ses voisins.
Avec la guerre en Syrie, Israël avait peur que Bachar El Assad tombe tout de suite. Avec l'arrivée des Frères musulmans en Égypte venait l'instabilité politique dans le Sinaï mais aussi la crainte que Mohamed Morsi déchire le traité de paix. Bachar El Assad se trouve toujours au pouvoir, la dictature est revenue en Égypte. Rassurée, Israël a toujours préféré cette situation pour ses relations diplomatiques de premier voisinage, quand elle ne collaborait pas directement comme avec la Jordanie.
Du coup, tout ce nuage de fumée de "Printemps arabes" a permis d'évincer encore plus la question palestinienne.
"Israël ne veut plus détruire le Hamas"
Pourquoi Israël ne parle plus de détruire le Hamas ? Par peur qu'il ne soit remplacé par l'Etat islamique ?
B.S. : Oui, Benjamin Netanyahou n'a pas souhaité, depuis les deux dernières guerres, détruire définitivement le Hamas ce qui n'était pas le cas d'Avigdor Liberman. Ceci a d'ailleurs été un élément de fissurage de sa coalition. Liberman voulait aller jusqu'au bout et véritablement détruire le Hamas puis raser Gaza pour en finir.
Mais, en réalité, la stratégie était d'éviter une sorte de vide du pouvoir alors que l'Autorité palestinienne devait récupérer les quais de Gaza l'été dernier, ce que le Hamas n'a pas fait. Un rapprochement est donc intervenu entre Israël et le Hamas de peur justement que, soit l'Etat islamique, soit des éléments jihadistes plus radicaux, arrivent. Et d'ailleurs, Israël a interdit certaines factions du Jihad islamique en Israël même, pour des raisons de violence et d'inquiétude par rapport à ce que certains mouvements pourraient avoir tendance à défendre.
B.S. : Oui, Benjamin Netanyahou n'a pas souhaité, depuis les deux dernières guerres, détruire définitivement le Hamas ce qui n'était pas le cas d'Avigdor Liberman. Ceci a d'ailleurs été un élément de fissurage de sa coalition. Liberman voulait aller jusqu'au bout et véritablement détruire le Hamas puis raser Gaza pour en finir.
Mais, en réalité, la stratégie était d'éviter une sorte de vide du pouvoir alors que l'Autorité palestinienne devait récupérer les quais de Gaza l'été dernier, ce que le Hamas n'a pas fait. Un rapprochement est donc intervenu entre Israël et le Hamas de peur justement que, soit l'Etat islamique, soit des éléments jihadistes plus radicaux, arrivent. Et d'ailleurs, Israël a interdit certaines factions du Jihad islamique en Israël même, pour des raisons de violence et d'inquiétude par rapport à ce que certains mouvements pourraient avoir tendance à défendre.