
EUROPE / FRANCE. Le Parlement européen est devant un problème compliqué. Faut-il accepter un nouveau dépassement budgétaire d’Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor)? Le programme de recherche mondial sur la fusion nucléaire est largement entamé et l’Union européenne y a engagé 15,5 mrds€. Elle pourvoit déjà à 45% du budget de ce programme, le reste étant fourni par les états qui y adhérent.
La flambée du coût des matières premières, telles que le béton, a provoqué un dépassement important des dépenses de ce projet, et l’arrivée de nouveaux contributeurs, comme la Corée du sud et l’Inde, induit des coûts organisationnels imprévus.
Bref, l’Organisation Iter demande 1,3 mrd€ au Parlement européen pour la période 2012-13, au-delà des budgets déjà votés. A l’automne 2010 les parlementaires, pourtant supposés en majorité favorables au projet, n’ont pas voulu voter les yeux fermés ce dépassement.
Une délégation de treize parlementaires de la Commission du Budget a été invitée, le 17 mai 2011, à poser des questions in situ aux responsables du projet, à Cadarache, dans le sud de la France où les installations de recherche sont construites.
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Ponctionner les autres projets de recherche et les agriculteurs
« Nous ne savons pas si ce sera la dernière augmentation » s’est inquiété le député allemand Jens Geier, du groupe Socialistes Démocrates Européens, « nous sommes notamment soumis aux tests de résistance des installations dans les mois à venir, qui induiront peut-être des coûts nouveaux ». L’après catastrophe de Fukushima a des répercussion dans toutes les installations nucléaires, recherche comprise.
« Et nous ne savons pas où trouver ces 1,3 mrd€. » a encore ajouté Jens Geier. Car personne n’est dupe, pour abonder Iter, il faudra piocher dans les autres programmes de recherche. C’est ce qui a fait reculer les eurodéputés à l’automne 2010. Le projet était de ponctionner 460 M€ dans divers programmes de recherche et développement poussés par les états membres au moment où se discute le 7è Programme Cadre de Recherche et Développement. Or personne en Europe n’est prêt à ce sacrifice.
Toutefois ce sont les agriculteurs européens, et particulièrement français, qui pâtiraient le plus de cette rallonge budgétaire, car il est prévu de prendre 650 M€ sur le budget de la Politique Agricole Commune pour ce faire. « Il est question de savoir si c’est le budget européen ou les États membres en direct qui doivent payer ce surcoût » souligne de son côté Anne Jansen, une eurodéputée danoise.

Les incertitudes de l'après Fukushima
Et le nucléaire européen, y compris la recherche sur la fusion, ne serait pas épargné pour financer les dérives budgétaires d’Iter. « Nous devons décider s’il faut arrêter le projet britannique JET (Joint European Torus ), près d’Oxford, et le faire au plus tôt car pour des raisons légales les 800 personnes qui y travaillent devraient recevoir leurs lettres de licenciement selon certains délais » explique l’eurodéputé écologiste belge Bart Staes. « C’est l’avenir de la recherche sur la fusion qui est en fait engagé », conclut il.
Sa collègue française Michèle Rivasi, elle, n’y va pas par quatre chemins. « Il faut un moratoire sur Iter, car son organisation ne peut garantir que les coûts seront maîtrisés. » Cette anti-nucléaire déclarée souligne que la contribution japonaise, un acteur majeur du projet, est de fournir le couvercle du réacteur de recherche qui doit amener pour la première fois, la fabrication d’un plasma porté à haute température durant huit minutes. « Après Fukushima, ils ont d’autres priorités et passer par d’autres opérateurs sera plus cher. Il est temps d’arrêter les frais, pour une recherche qui ne donnera pas de résultat pratique avant, au mieux, 2080 ».
Tel n’est pas l’avis de Damien Abad, eurodéputé français de droite : « Iter a pris conscience des surcoûts, des améliorations ont été faites, et il y a un consensus pour poursuivre » a-t-il affirmé. Pas si sûr.
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