
Une croissance de 5 à 10% ne suffit pas à résoudre les problèmes de développement. Encore faut-il en répartir les fruits et préserver un environnement où l’humanité trouve ses ressources.
En période de crise économique, les décideurs estiment parfois que les questions d’environnement peuvent être minorées. C’est une erreur. Le bon état de l’environnement crée au contraire des opportunités économiques et sociales, et on doit l’anticiper.
On a beaucoup trop tiré sur la corde sans penser aux conséquences. Voyez les herbiers de posidonies. Vous les maltraitez avec des aménagements et du chalutage, et toute la chaîne alimentaire s’en trouve affectée. Les aspects systémiques doivent être considérés, et c’est notre travail que d’y veiller.
Nous contribuons à l’évolution de leur mentalité. Ainsi les politiques de l’offre sont tempérées. Avant de réaliser un barrage coûteux, les aménageurs se demandent de plus en plus comment gérer la demande. Ils font d’abord la chasse aux fuites dans les réseaux, et étudient des solutions alternatives.
Comment organiserez-vous votre action dans les prochaines années ?
Nous travaillons depuis dix ans dans le cadre de la Stratégie méditerranéenne de développement durable, qui se préoccupe de tous les aspects environnementaux dans le bassin.
La Commission méditerranéenne du développement durable, qui pilote cette stratégie, sera présidée par Malte durant deux ans. Ce pays se montre sensible à ces problématiques et dynamique. C’est une opportunité.
En décembre, à Istanbul, lors de la Conférence des Parties de la Convention de Barcelone les pays riverains de la Méditerranée et l’Union européenne ont décidé la révision de cette stratégie à l’horizon 2015, en précisant que le Plan Bleu y contribuerait. C’est notre feuille de route.
Quand la crise semblait mettre sous l’éteignoir les préoccupations environnementales, le Plan Bleu continuait à travailler. Comme une clef à cliquet, nous n’avons reculé que pour mieux avancer. Nous sommes prêts à construire en deux ans avec nos partenaires le tableau de bord du développement durable à l’échelle méditerranéenne.
Les politiques publiques ne peuvent pas être uniquement pilotées avec la croissance comme indicateur ! C’est comme si on pilotait une voiture l’œil rivé sur le compteur de vitesse eu oubliant la jauge à essence ou le voyant de température.