
FRANCE. Dans son long discours de clôture de Biomarine, Joe Borg, commissaire européen à la pêche et aux affaires maritimes, n’aura pas consacré un seul mot à la Méditerranée. Il ne l’a d’ailleurs pas nommé, malgré ses origines maltaises, tout comme l’Union pour la Méditerranée si chère au président français Nicolas Sarkozy.
Ce trou noir en dit beaucoup sur les limites de "la politique maritime intégrée de l'Union européenne" très nord-nord européenne. Cette tache aveugle n’est pas courtoise quand on parle à Marseille et quand on sait que les collectivités locales de Provence Alpes Côte d'Azur (Marseille et Toulon, Conseils généraux du Var et des Bouches-du-Rhône, Conseil régional) ont consacré une grosse part des trois millions d’euros qu’auront coûté ce colloque international qui s’est tenu du 20 au 25 octobre entre Toulon et Marseille.
Ce trou noir en dit beaucoup sur les limites de "la politique maritime intégrée de l'Union européenne" très nord-nord européenne. Cette tache aveugle n’est pas courtoise quand on parle à Marseille et quand on sait que les collectivités locales de Provence Alpes Côte d'Azur (Marseille et Toulon, Conseils généraux du Var et des Bouches-du-Rhône, Conseil régional) ont consacré une grosse part des trois millions d’euros qu’auront coûté ce colloque international qui s’est tenu du 20 au 25 octobre entre Toulon et Marseille.
De la géopolitique de la mer aux scénarios des changements climatiques
Pourtant, dans les débats, Biomarine a laissé peu de questions de l’environnement marin dans l’ombre.
De la stratégie intégrée à la Méditerranée au dégel de la banquise, de la géopolitique de la mer à la protection contre les catastrophes maritimes, de la pollution des océans à l’interception des pirates, des navires de nouvelles génération aux scénarios des changements climatiques, de l’exploitation des fonds sous-marins aux richesses vivantes de la mer, des nouvelles ressources énergétiques à l’interface ville-port ,de l’impact des activités humaines à la gouvernance des océans, en tout 31 débats-conférences figuraient au sommaire de la première édition de Biomarine. Une vraie galère pour l’observateur attentif qui devait suivre les sessions de "l'événement maritime majeur de la présidence française de l’Union Européenne" qui l’avait labellisé.
Les plateaux de discussions étaient pour la plupart de qualité. Certains se révélaient décevants sinon ont fait un flop. Ainsi l’atelier sur les autoroutes de la mer qui ne comptait aucun représentant de la CE à la tribune, a réuni mollement une quarantaine de personnes. Entre les grandes déclarations de principe et la réalité concrète, il existe souvent un abysse.
De la stratégie intégrée à la Méditerranée au dégel de la banquise, de la géopolitique de la mer à la protection contre les catastrophes maritimes, de la pollution des océans à l’interception des pirates, des navires de nouvelles génération aux scénarios des changements climatiques, de l’exploitation des fonds sous-marins aux richesses vivantes de la mer, des nouvelles ressources énergétiques à l’interface ville-port ,de l’impact des activités humaines à la gouvernance des océans, en tout 31 débats-conférences figuraient au sommaire de la première édition de Biomarine. Une vraie galère pour l’observateur attentif qui devait suivre les sessions de "l'événement maritime majeur de la présidence française de l’Union Européenne" qui l’avait labellisé.
Les plateaux de discussions étaient pour la plupart de qualité. Certains se révélaient décevants sinon ont fait un flop. Ainsi l’atelier sur les autoroutes de la mer qui ne comptait aucun représentant de la CE à la tribune, a réuni mollement une quarantaine de personnes. Entre les grandes déclarations de principe et la réalité concrète, il existe souvent un abysse.
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Manque de données scientifiques et techniques
Que retenir des centaines interventions qui ont marqué le forum ?
Premièrement, le sentiment d’urgence partagé par les participants. Le pouls de la planète bleue donne des signes inquiétants de son état physique et biologique. Mais aussi géopolitique. À la perspective du cortège de dizaines de millions de personnes chassées du littoral des pays pauvres, s’ajoutent les tensions causées par la course à l’exploitation des ressources naturelles (pétroles, pêche, minerais) qui risque de bouleverser la neutralité des hauts fonds et des pôles et d’épuiser un peu plus les mers.
Deuxièmement, le manque de données scientifiques et techniques pour appréhender la globalité des faits et leurs tendances. Exemple, les études sur la pollution pharmaceutique des eaux n’ont commencé que depuis deux ou trois ans. À leur grande surprise, les scientifiques de l’Ifremer ont découvert la valeur d’un cachet de paracétamol par m3 au large des émissaires de station d’épuration. De quoi soigner les migraines des poissons s’ils ont mal à la tête ! Récemment aussi, les mêmes scientifiques ont relevé un taux élevé d’œstrogène (issu des pilules anticontraceptives ou des traitements de la ménopause) !
Premièrement, le sentiment d’urgence partagé par les participants. Le pouls de la planète bleue donne des signes inquiétants de son état physique et biologique. Mais aussi géopolitique. À la perspective du cortège de dizaines de millions de personnes chassées du littoral des pays pauvres, s’ajoutent les tensions causées par la course à l’exploitation des ressources naturelles (pétroles, pêche, minerais) qui risque de bouleverser la neutralité des hauts fonds et des pôles et d’épuiser un peu plus les mers.
Deuxièmement, le manque de données scientifiques et techniques pour appréhender la globalité des faits et leurs tendances. Exemple, les études sur la pollution pharmaceutique des eaux n’ont commencé que depuis deux ou trois ans. À leur grande surprise, les scientifiques de l’Ifremer ont découvert la valeur d’un cachet de paracétamol par m3 au large des émissaires de station d’épuration. De quoi soigner les migraines des poissons s’ils ont mal à la tête ! Récemment aussi, les mêmes scientifiques ont relevé un taux élevé d’œstrogène (issu des pilules anticontraceptives ou des traitements de la ménopause) !
Un fossé qui ne se referme pas
À vrai dire, comme dans les changements climatiques, l’interaction des phénomènes en cause est complexe. Et les soins à apporter difficiles à hiérarchiser. Un responsable de l’Ifremer faisait ainsi remarquer que la dépollution des mers n’est rien, si on n’arrête pas leurs sources à la terre.
Autre exemple, les données sur le trafic maritime en Méditerranée s’effectuent à la louche. On sait peu de chose des 25 000 navires qui y naviguent annuellement. Quel est leur trajet ? De quoi sont-ils chargés ? Mis à part les ports européens, une bonne partie de la Mare Nostrum est "hors radar".
Troisièmement, le fossé entre les témoins d’alerte, souvent des acteurs de premier plan, et les décisions politiques ne tend pas à se refermer. Dans une région comme Paca, berceau de la plongée sous-marine et de l’écologie marine, cela apparaît encore plus clairement. Voilà des décennies que savants, professionnels, environnementalistes et navigateurs y sonnent le tocsin. La sagesse des nations commence à peine à l’entendre. L’Union européenne apparaît en pointe alors qu’elle vient tout juste de définir sa politique intégrée de la mer.
Biomarine aura livré ce constat. Si la prochaine édition, qui se déroulera en 2009 à Vancouver, ne progresse pas, le Forum court le risque de ne faire que des ronds dans l’eau.
Dans la rubrique Documents, téléchargez "La politique maritime intégrée de l'Union européenne: jetons-nous à l'eau ensemble", discours de Dr Joe Borg, Commissaire européen chargé de la Pêche et des Affaires Maritimes (Conférence BioMarine. Marseille, 24/10/08)
Autre exemple, les données sur le trafic maritime en Méditerranée s’effectuent à la louche. On sait peu de chose des 25 000 navires qui y naviguent annuellement. Quel est leur trajet ? De quoi sont-ils chargés ? Mis à part les ports européens, une bonne partie de la Mare Nostrum est "hors radar".
Troisièmement, le fossé entre les témoins d’alerte, souvent des acteurs de premier plan, et les décisions politiques ne tend pas à se refermer. Dans une région comme Paca, berceau de la plongée sous-marine et de l’écologie marine, cela apparaît encore plus clairement. Voilà des décennies que savants, professionnels, environnementalistes et navigateurs y sonnent le tocsin. La sagesse des nations commence à peine à l’entendre. L’Union européenne apparaît en pointe alors qu’elle vient tout juste de définir sa politique intégrée de la mer.
Biomarine aura livré ce constat. Si la prochaine édition, qui se déroulera en 2009 à Vancouver, ne progresse pas, le Forum court le risque de ne faire que des ronds dans l’eau.
Dans la rubrique Documents, téléchargez "La politique maritime intégrée de l'Union européenne: jetons-nous à l'eau ensemble", discours de Dr Joe Borg, Commissaire européen chargé de la Pêche et des Affaires Maritimes (Conférence BioMarine. Marseille, 24/10/08)