
Ezzedine Ghlamallah organise le premier symposium algérien dédié à la finance et à l'assurance islamique (photo : SAAFI)
econostrum.info : Comment se développe la finance islamique en France ?
Ezzedine Ghlamallah : Les pays dans lesquels la finance islamique se développent, ou s'est développée, sont ceux où une volonté politique existe. Les motivations ne sont pas forcément les mêmes d'un pays à un autre. En France, la finance islamique se développe timidement, modestement et lentement. La volonté politique a émané en 2008 lors de la crise financière avec Christine Lagarde, alors ministre de l'Economie et des Finances de Nicolas Sarkozy, dans un contexte de resserrement des crédits. Le gouvernement s'est dit qu'en créant un cadre favorable à la finance islamique, il serait possible de capter des investissements provenant des pays en excédent de liquidités comme les producteurs de pétrole.
Sauf que la France s'est heurtée à la concurrence de Londres. Lors du mandat de François Hollande, le projet sur la finance islamique est restée dans les cartons. En France, seules les instructions fiscales sont prêtes. Puis, une fois la crise des subprimes surmontées, les banques ont trouvé d'autres moyens de financement.
Aujourd'hui, le développement de la finance islamique en France n'est pas à l'ordre du jour.
La finance islamique existe tout de même en France ?
E.G. : Oui ! Mais ceci n'est dû qu'à des initiatives privées comme la notre. Et du coup, avec de petits moyens. SAAFI est une start up, une petite société, comme celles des autres entrepreneurs présents sur le marché de la finance islamique en France. Nous avançons, mais ceci prend du temps. Par exemple, SAAFI propose déjà un produit d'épargne en or physique depuis 2017 en tant que courtier grossiste avec un réseau de distribution qui couvre la France, le Luxembourg et la Belgique. Nous prévoyons de lancer une solution Takaful, donc d'assurance, destinée à financer les frais d'obsèques. Nous recensons de vrais besoins dans la communauté musulmane. Le Conseil comorien de France et les Pompes funèbres musulmanes attendent un tel produit pour ceux qui souhaitent une inhumation dans leur pays d'origine. SAAFI a donc conçu un contrat Takaful avec une mutuelle française. Les excédents techniques réalisés sur l'opération d'assurance seront reversés aux souscripteurs via le fonds d'action social. Le Code de la mutualité interdit d'assurer les enfants de moins de douze ans. Si une des personnes de cette tranche d'âge décède et a ce besoin, le fonds d'action social viendra se substituer à la garantie.
Nous nous trouvons dans la phase de certification avec l'ISRA, organisme malaisien de référence, pour cette assurance Takaful qui devrait être disponible au troisième semestre 2019. Nous visons 100 000 polices à terme.
Ezzedine Ghlamallah : Les pays dans lesquels la finance islamique se développent, ou s'est développée, sont ceux où une volonté politique existe. Les motivations ne sont pas forcément les mêmes d'un pays à un autre. En France, la finance islamique se développe timidement, modestement et lentement. La volonté politique a émané en 2008 lors de la crise financière avec Christine Lagarde, alors ministre de l'Economie et des Finances de Nicolas Sarkozy, dans un contexte de resserrement des crédits. Le gouvernement s'est dit qu'en créant un cadre favorable à la finance islamique, il serait possible de capter des investissements provenant des pays en excédent de liquidités comme les producteurs de pétrole.
Sauf que la France s'est heurtée à la concurrence de Londres. Lors du mandat de François Hollande, le projet sur la finance islamique est restée dans les cartons. En France, seules les instructions fiscales sont prêtes. Puis, une fois la crise des subprimes surmontées, les banques ont trouvé d'autres moyens de financement.
Aujourd'hui, le développement de la finance islamique en France n'est pas à l'ordre du jour.
La finance islamique existe tout de même en France ?
E.G. : Oui ! Mais ceci n'est dû qu'à des initiatives privées comme la notre. Et du coup, avec de petits moyens. SAAFI est une start up, une petite société, comme celles des autres entrepreneurs présents sur le marché de la finance islamique en France. Nous avançons, mais ceci prend du temps. Par exemple, SAAFI propose déjà un produit d'épargne en or physique depuis 2017 en tant que courtier grossiste avec un réseau de distribution qui couvre la France, le Luxembourg et la Belgique. Nous prévoyons de lancer une solution Takaful, donc d'assurance, destinée à financer les frais d'obsèques. Nous recensons de vrais besoins dans la communauté musulmane. Le Conseil comorien de France et les Pompes funèbres musulmanes attendent un tel produit pour ceux qui souhaitent une inhumation dans leur pays d'origine. SAAFI a donc conçu un contrat Takaful avec une mutuelle française. Les excédents techniques réalisés sur l'opération d'assurance seront reversés aux souscripteurs via le fonds d'action social. Le Code de la mutualité interdit d'assurer les enfants de moins de douze ans. Si une des personnes de cette tranche d'âge décède et a ce besoin, le fonds d'action social viendra se substituer à la garantie.
Nous nous trouvons dans la phase de certification avec l'ISRA, organisme malaisien de référence, pour cette assurance Takaful qui devrait être disponible au troisième semestre 2019. Nous visons 100 000 polices à terme.
De nombreux acteurs se positionnent en Algérie
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L'implantation de la finance islamique dans les trois pays du Maghreb reste très disparate ?
E.G. : Au Maroc, tout est bien enclenché avec l'illustration parfaite d'une vraie volonté politique dont nous parlions. Les acteurs de la place jouent le jeu en créant des filiales de finance participative, terme préféré dans ce pays à celui de finance islamique. En l'espace de même pas deux ans, ils prennent déjà 10% du marché.
La Tunisie a pris le plus d'avance avec une réglementation sur la finance islamique et le Takaful. Quant à l'Algérie, la volonté politique s'avère multiple. La finance islamique permettrait de mieux bancariser le pays pour limiter l'informel et augmenter le taux de pénétration de l'assurance qui demeure très faible. Même si l'Algérie ne se trouve plus aujourd'hui, avec la remontée des cours du pétrole, dans une situation d'obligation d'aller se financer sur les marchés, ceci lui assurerait une diversification de ses sources de financement et apporterait des solutions de financements pour les Pme algériennes.
Les autorités de ce pays ne voient pas la finance islamique comme la panacée qui va résoudre tous les problèmes, mais comme un outil parmi d'autres qui doit être employé pour répondre à ces enjeux économiques.
Où en est l'Algérie sur ce dossier qui semble lent à se mettre en place ?
E.G. : Le Conseil de la monnaie et du crédit a approuvé, voici une semaine (NDLR : dimanche 4 novembre 2018), le règlement relatif aux conditions d'exercice, par les banques et les établissements financiers, des opérations bancaires relevant de la finance participative.
Trois banques publiques travaillent sur des projets de finance alternative ou islamique : La BADR (ndlr : Banque de l'agriculture et du développement durable), la CNEP (Caisse nationale d'épargne et de prévoyance) et la BDL (Banque de développement local). Elles seront toutes présentes à notre symposium. L'Arab Bank Corporation (ABC) de Bahreïn veut se développer en Algérie, comme Al Baraka Bank, Al Salam Bank et AGB (Algerian Gulf Bank) qui proposent déjà depuis longtemps des produits de finance islamique, même en l'absence de réglementation -, Al Baraka et Al Salam. Est présente aussi la Banque islamique de développement, une organisation multilatérale qui vient, généralement, prêter main forte aux Etats notamment dans la structuration des Sukuks (équivalent des obligations). Sans compter les sociétés d'assurance avec CASH Assurances et Trust Assurances. Tous seront présents à notre symposium.
E.G. : Au Maroc, tout est bien enclenché avec l'illustration parfaite d'une vraie volonté politique dont nous parlions. Les acteurs de la place jouent le jeu en créant des filiales de finance participative, terme préféré dans ce pays à celui de finance islamique. En l'espace de même pas deux ans, ils prennent déjà 10% du marché.
La Tunisie a pris le plus d'avance avec une réglementation sur la finance islamique et le Takaful. Quant à l'Algérie, la volonté politique s'avère multiple. La finance islamique permettrait de mieux bancariser le pays pour limiter l'informel et augmenter le taux de pénétration de l'assurance qui demeure très faible. Même si l'Algérie ne se trouve plus aujourd'hui, avec la remontée des cours du pétrole, dans une situation d'obligation d'aller se financer sur les marchés, ceci lui assurerait une diversification de ses sources de financement et apporterait des solutions de financements pour les Pme algériennes.
Les autorités de ce pays ne voient pas la finance islamique comme la panacée qui va résoudre tous les problèmes, mais comme un outil parmi d'autres qui doit être employé pour répondre à ces enjeux économiques.
Où en est l'Algérie sur ce dossier qui semble lent à se mettre en place ?
E.G. : Le Conseil de la monnaie et du crédit a approuvé, voici une semaine (NDLR : dimanche 4 novembre 2018), le règlement relatif aux conditions d'exercice, par les banques et les établissements financiers, des opérations bancaires relevant de la finance participative.
Trois banques publiques travaillent sur des projets de finance alternative ou islamique : La BADR (ndlr : Banque de l'agriculture et du développement durable), la CNEP (Caisse nationale d'épargne et de prévoyance) et la BDL (Banque de développement local). Elles seront toutes présentes à notre symposium. L'Arab Bank Corporation (ABC) de Bahreïn veut se développer en Algérie, comme Al Baraka Bank, Al Salam Bank et AGB (Algerian Gulf Bank) qui proposent déjà depuis longtemps des produits de finance islamique, même en l'absence de réglementation -, Al Baraka et Al Salam. Est présente aussi la Banque islamique de développement, une organisation multilatérale qui vient, généralement, prêter main forte aux Etats notamment dans la structuration des Sukuks (équivalent des obligations). Sans compter les sociétés d'assurance avec CASH Assurances et Trust Assurances. Tous seront présents à notre symposium.
"Favoriser la mise en réseau"
Quels sont les objectifs de la première édition de ce symposium sur la finance islamique que vous organisez ?
E.G. : Le symposium sur la finance islamique de SAAFI, une première à Alger, est placé sous la direction scientifique du Professeur Mohammed Boudjelal, professeur d'économie à l'université de M'Sila et membre du Haut Conseil Islamique (HCI). Nous attendons entre 400 et 500 personnes par jour dans l'auditorium, l'espace exposition et le salon VIP. Notre but est vraiment de favoriser la mise en réseau. Nous voulons être un catalyseur. C'est dans notre ADN, nous aimons rassembler les gens.
Nous souhaitons que les choses bougent, que la finance islamique, l'assurance Takaful, se développent en Algérie.
Bien évidement, SAAFI fait de la formation et du conseil, et nous voulons également montrer notre savoir-faire.
* Palais de la Culture Moufdi Zakaria, Alger les 24 et 25 novembre 2018 .
Voir le programme de SAAFI 2018
E.G. : Le symposium sur la finance islamique de SAAFI, une première à Alger, est placé sous la direction scientifique du Professeur Mohammed Boudjelal, professeur d'économie à l'université de M'Sila et membre du Haut Conseil Islamique (HCI). Nous attendons entre 400 et 500 personnes par jour dans l'auditorium, l'espace exposition et le salon VIP. Notre but est vraiment de favoriser la mise en réseau. Nous voulons être un catalyseur. C'est dans notre ADN, nous aimons rassembler les gens.
Nous souhaitons que les choses bougent, que la finance islamique, l'assurance Takaful, se développent en Algérie.
Bien évidement, SAAFI fait de la formation et du conseil, et nous voulons également montrer notre savoir-faire.
* Palais de la Culture Moufdi Zakaria, Alger les 24 et 25 novembre 2018 .
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