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Deux projets d'éoliennes flottantes vont émerger en Méditerranée


Rédigé par , le Mercredi 19 Mai 2021 - Lu 3531 fois

Les régions Occitanie et Provence-Alpes-Côte d'Azur vont accueillir deux projets de parcs éoliens flottants de 250 MW chacun. Un débat public débutera en juillet 2021 pour valider leur opportunité, les impacts, les caractéristiques et définir leurs localisations. La France est ambitieuses dans ce secteur, mais malgré des premiers appels d'offres voici neuf ans, ne compte encore aucun parc d'éoliennes flottantes sur ses quatre façades maritimes. English version


La France veut devenir un leader de l'éolien flottant (photo : DR)
La France veut devenir un leader de l'éolien flottant (photo : DR)
FRANCE. Le débat public sur les projets de parcs éoliens flottants EOS (pour EOliennes flottanteS) en Méditerranée se déroulera du 12 juillet au 31 octobre 2021. "Il se tient en amont de la décision de poursuivre ou non le projet, et permettra au public de questionner son opportunité, ses impacts et ses caractéristiques, dont la localisation. La Commission qui porte le débat public est indépendante et neutre vis-à-vis du porteur de projet. Elle veillera à ce que l’ensemble des acteurs concernés (professionnels de la mer, du tourisme, industriels, associations, acteurs de la recherche et de la formation, etc...) comme le grand public puissent être informés du projet et donner leur avis", commente une source proche du dossier, interrogée par econostrum.info.

Décidé en juillet 2020 par la Commission nationale du débat public (CNDP), il est orchestré par une Commission particulière du débat public, basée à Marseille et composée de six membres* ainsi que d'un secrétariat de trois personnes. La consultation va permettre aux citoyens de se prononcer sur la localisation des zones préférentielles (terrestres et maritimes) pour deux parcs de 250 MW chacun. Les participants devront choisir entre quatre macro-zones (terrestres et maritimes) déjà définies comme préférentielles. Pour accueillir une éolienne flottante, il faut en effet que les fonds dépassent les cinquante mètres de profondeur.

Trois zones à choisir sur les quatre préselectionnées

Les quatre macro-zones se trouvent au large des régions Occitanie et Provence-Alpes-Côte d'Azur (Carte : CNDP)
Les quatre macro-zones se trouvent au large des régions Occitanie et Provence-Alpes-Côte d'Azur (Carte : CNDP)
Les quatre zones présélectionnés dans le golfe du Lion (voir carte ci-dessus) se trouvent au large des Pyrénées orientales et de l'Aude (A), au large du Cap d'Agde (B), au large de la Petite Camargue (C), au large du golfe de Fos-sur-Mer (D). Elles sont rattachées à des points de raccordements terrestres situés respectivement à Baixas (au Nord-Ouest de Perpignan), La Gaudière (Castelnau-d'Aude) ou Livière (Narbonne), Tamareau (Moutarnaud) ou Montpellier, et Ponteau (Martigues) ou La Feuillane (Fos-sur-Mer).

Le débat public prévoit la désignation d'au moins trois zones, dont obligatoirement une dans la région Occitanie et une en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Donc, il est donc acquis que le golfe de Fos-sur-Mer (la seule macro-zone en Provence-Alpes-Côte d'Azur) sera retenu. Le public est également invité à faire un choix sur deux extensions d’une puissance de 500 MW bénéficiant d'un raccordement mutualisé. Elles seront attribuées en 2024.

La Commission particulière livrera, deux mois après sa clôture, un compte-rendu et un bilan du débat public. Dans les trois mois suivant, le maître d'ouvrage, l'État français, devra répondre aux points soulevés. Prévu dans le courant de l'année 2022, une procédure de mise en concurrence permettra ensuite de désigner le ou les lauréats de ces futurs parcs commerciaux en Méditerranée. Opérationnels entre 2027 et 2029, ils s'appuieront sur des turbines de 12 MW. Puissantes, elles permettront de limiter à une vingtaine le nombre d'éoliennes pour atteindre les 250 MW dans chaque parc. L'extension, si elle est acceptée, doublera ce nombre.

La France ne compte aucun parc d'éoliennes flottantes en service

Floatgen, la première éolienne flottante expérimentale se trouve au large du Croisic en Bretagne (photo : BW-idéol)
Floatgen, la première éolienne flottante expérimentale se trouve au large du Croisic en Bretagne (photo : BW-idéol)
Alors que le consortium WindFloat Atlantic ('EDP Renewables, Repsol, Principle Power et Engie) a inauguré, début 2020 à 20 km des côtes de Viana do Castelo, au Portugal, la première éolienne flottante d'Europe continentale (3 à terme dans ce parc), la France ne compte aucune éolienne flottante en service à ce jour. A part le démonstrateur Floatgen de l'École centrale de Nantes au large du Croisic depuis 2017 et d'une puissance de 2 MW, conçu par BW-ideol à La Ciotat. Et le démonstrateur en modèle réduit (1/10e) Eolink développant 200 kW, depuis 2018, sur le site expérimental de l'Ifremer à Sainte-Anne-du-Portzic. Ce pays dispose pourtant de la seconde surface maritime mondiale avec 11 km² de zone maritime et quatre façades maritimes en métropole (Manche-Est, Mer du Nord, Nord-Atlantique, Sud-Atlantique et Méditerranée) et entend devenir l'un des numéros un de cette nouvelle technologie. "Les premiers projets offshore en France en sont à huit ans d'existence, mais aucun n'est encore opérationnel", regrettait Jean-Michel Lopez, directeur général délégué de la région Bretagne lors de la septième édition de FOWT (Floating offshore wind turbines) à Marseille les 7 et 8 septembre 2020. Neuf mois plus tard, le même constat peut être dressé.

Le 10 mai 2021, Barbara Pompili, indiquait, dans une conférence à Dunkerque sur le sujet, "alors que plus de 5 000 éoliennes en mer sont raccordées en Europe : il n’y a simplement pas une seule éolienne commerciale en mer qui tourne en  France ! Alors même que nous avons le deuxième gisement de vent d’Europe. Nous n’avons simplement plus le temps de nous satisfaire de grands objectifs sur le papier sans jamais les incarner sur le terrain." La ministre française de la Transition écologique souhaitait que "durant (son) passage comme ministre de l’énergie que les premiers parcs d’éoliens en mer s’installent dans notre pays." Et précisait, "cette source d’énergie est un des piliers de notre stratégie de développement des énergies renouvelables. C’est une technologie incontournable pour atteindre notre objectif de 40% d’énergies renouvelables dans notre mix électrique en 2030."

Barbara Pompili y voit "une chance, une opportunité pour les entreprises françaises, en particulier les entreprises locales. Une filière industrielle se structure : on compte déjà en France une usine de production de pales à Cherbourg, une usine de production de nacelles à Montoir de Bretagne et bientôt une usine de construction de pales et nacelles au Havre. Sans parler des emplois liés au développement, à l’installation ou à la maintenance qui offrent des perspectives importantes pour les ports français."

Occitanie et Provence-Alpes-Côte d'Azur, deux régions au fort potentiel en éolien flottant

Lors du même colloque FOWT, les représentants des quatre régions françaises concernées par ce développement (Provence-Alpes-Côte d'Azur, Occitanie-Pyrénées-Méditerranée, Bretagne et Pays de la Loire) plaidaient pour le développement des éoliennes flottantes.  "L’éolien en mer flottant dispose de tous les atouts en région pour constituer l’un des piliers de cette transition énergétique. Une ressource en vents exceptionnelle avec une vitesse moyenne des vents supérieures à 40 m/s grâce notamment au Mistral, des conditions de sol très favorables permettant un ancrage optimal et des conditions météo-océaniques « simples », avec une hauteur de houle limitée et peu de courant et un écosystème dynamique avec de nombreuses start-up, PME, industriels, et aménagements portuaires", soulignait alors Renaud Muselier. Le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur ambitionne de développer 750 KW d'ici 2030/2031 et d'ici 2050, de "fournir avec l'éolien flottant l'électricité équivalent à la production d'une à une et demi centrale solaire."

Voté en décembre 2017, son Plan climat régional prévoit un objectif de neutralité carbone à l'horizon 2050. Le développement et le soutien de l'éolien offshore est l'une des initiatives pour y parvenir, avec l'ambition de créer une filière industrielle en partenariat avec le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM). A terme, 2 GW de production électrique devraient être assurés via des éoliennes flottantes. Avec son Plan Littoral 21, mis en place avec la Préfecture Occitanie et la Banque des Territoires en 2017, la Région Occitanie projette aussi de devenir la première à énergie positive en 2050 avec 3 GW d'énergie issue du renouvelable.

Le marché mondial des éoliennes flottantes est estimé à 3 500 gigawatts (GW) dans le monde dont 600 GW en Europe et 50 GW en France. Son potentiel est trois fois supérieur à celui des fermes éoliennes classiques. Selon le Pôle Mer Méditerranée, cette activité pourrait créer plus de 4 000 emplois en Provence-Alpes-Côte d'Azur et en Occitanie d'ici 2030. Sur ces seules deux régions, quelque 430 acteurs de la filière - dont les deux-tiers au Sud-Ouest de la France - sont déjà identifiés comme Ideol (La Ciotat), Eolfi (Marseille), SBM Offshore (Monaco et Carros), Principia (La Ciotat), Valeco (Montpellier), .. ."Il faut permettre à la filière de se structurer et lui permettre d'amortir tous les investissements en R&D. Ne faisons pas la même erreur qu'avec le photovoltaïque. Nous sommes encore dans les temps pour que le savoir-faire reste ici et créé des emplois", indique Carole Delga, présidente de la Région Occitanie.

Quatre fermes pilotes déjà validées

Depuis dix ans, la France a lancé trois procédures de mise en concurrence pour des parcs éoliens en mer aboutis en 2011, 2013 et 2016. Pour un total de 3,6 GW répartis sur cinq projets.

Proposé par l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), en août 2015, dans le cadre du Programme d'investissements d'avenir, un appel d'offres a permis de désigner, en 2016, des lauréats pour quatre fermes pilotes d'éoliennes flottantes. Une s'implantera au Sud de l'île de Groix en Bretagne (développée par Eolfi, le Chinois CGN Europe Energy et la Banque des Territoires) avec trois éoliennes d'une puissance de 9,5 M€. Les trois autres émergeront dans le Sud de la France. EolMed au large de Gruissan et Port-la-Nouvelle porté par Qair, Total (depuis octobre 2020), Arec, Calen, Le Grand Narbonne, Semper et Amidéole (3 éoliennes de 10 MW). Eoliennes flottantes du golfe du Lion (EFGL) à Leucate-Barcarès avec Ocean Winds et la Banque des Territoires (3 éoliennes pour 10 MW). Et Provence Grand Large (PGL) à Port-Saint-Louis-du-Rhône avec EDF Renouvelables et Enbridge. Ce dernier projet a fait l'objet de recours et dispose d'un an pour se mettre en conformité.

Leurs mises en service sont prévues entre la fin 2022 et le début 2023. Trois éoliennes fournissent environ la consommation énergétique pour l'équivalent de 50 000 habitants.


* Les six membres de la Commission particulière du débat public : Étienne Ballan (président), Martine Bartolomei, Mathias Bourrissoux, Sophie Bertran de Balanda, Dominique de Lauzières, Arthur Launeau.
Le secrétariat de la Commission particulière du débat public : Sébastien Fourmy (secrétaire général), Marion Galland et Antoine Landeau.

Lire aussi : Le premier parc éolien flottant de Méditerranée va voir le jour grâce aux Danois




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