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Corsica Linea maintient le bon cap


Rédigé par , le Mercredi 21 Juin 2017 - Lu 4396 fois

Alors qu'elle souffle sa première bougie, la Compagnie maritime Corsica Linea a le vent en poupe. Elle affiche 40% de réservations supplémentaires sur la saison estivale et devrait acquérir un nouveau navire sans attendre le résultat de l'attribution de la Délégation de service public fin juillet 2017.


Pierre-Antoine Villanova, directeur général de Corsica Linea, annonce 40% de réservation en plus sur la saison estivale (photo : F.Dubessy)
Pierre-Antoine Villanova, directeur général de Corsica Linea, annonce 40% de réservation en plus sur la saison estivale (photo : F.Dubessy)
BOUCHES-DU-RHÔNE / CORSE / MAGHREB. Née sur les cendres de la SNCM, la compagnie maritime Corsica Linea fête ses un an, avec plus d'un mois de retard mais avec un bilan très positif. " Zéro dette, un bel actif et des résultats", commente Pierre-Antoine Villanova, directeur général de la compagnie.

L'année 2016 s'est terminée sur un chiffre d'affaires de 170 M€ avec 475 000 passagers et 875 000 mètres linéaires de fret transportés.

La prochaine étape pour Corsica Linea est attendue le 26 juillet 2017 avec l'attribution par l'assemblée corse de la Délégation de Service public (DSP) dite de "raccordement" pour la desserte de la Corse hors saison mise en place à compter du 1er octobre 2017. Une DSP transitoire puisqu'elle ne durera que vingt mois mais décisive pour l'avenir de la compagnie maritime (elle concourt avec la Méridionale). Les quelques 45 M€ de compensation qu'elle offre représentent les 2/3 du chiffre d'affaires sur la Corse. "La DSP est importante mais n'est pas notre unique raison de vivre", commente cependant Pierre-Antoine Villanova. Il a décidé de ne pas attendre le résultat pour continuer à investir. Rénovation des piscines et des paillotes sur le Danielle Casanova et le Jean Nicoli, changement du bar sur le Paglia Orba, et prochainement rénovation du Monte d'Oro, en 2017, une enveloppe de 23 M€ (contre 22 M€ en 2016) a été consacrée aux travaux sur les navires. Elle sera reconduite en 2018. La SNCM n'y consacrait que 15 M€ à titre de comparaison.

Dupliquer le succès du fret sur le Maghreb

Pascal Trojani, président de Corsica Linea, et son directeur général Pierre-Antoine Villanova sont très confiants sur l'avenir de leur compagnie (photo : F.Dubessy)
Pascal Trojani, président de Corsica Linea, et son directeur général Pierre-Antoine Villanova sont très confiants sur l'avenir de leur compagnie (photo : F.Dubessy)
"Nos six bateaux ont un âge moyen de dix-neuf ans, c'est la flotte la plus jeune sur la traversée Corse-Continent. Mais, il faut tout de même la moderniser et l'adapter à ce que l'on veut en faire : atteindre l'équilibre fret/passagers", souligne le directeur général. C'est le vrai pari... déjà réussi sur la Corse - grâce notamment aux actionnaires qui représentent la moitié des volumes - et qu'il aimerait bien dupliquer sur le Maghreb. "L'objectif est de rentabiliser le navire avec le garage et faire du bénéfice avec les passagers", résume-t-il.

La compagnie sature actuellement sur le fret depuis les ports d'Ajaccio et de Bastia, au point de devoir programmer six départs supplémentaires pour assurer notamment l'acheminement de véhicules de location sur l'île (10 000 entrent en Corse) en prévision de la saison estivale. Mais, deux navires n'en font pas encore : Le Méditerranée et le Danielle Casanova affectés au marché de l'Afrique du Nord (Algérie et Tunisie). Le Maghreb représente 1/3 du chiffre d'affaires de la compagnie mais le fret reste totalement marginal. "Il faut l'outil pour le faire", indique Pascal Trojani, président de Corsica Linea.

Comme il le dit de façon imagée, "dans une bouteille d'1 litre on met 1 litre, pas 1,5 litre." Corsica Linea négocie donc avec les banques pour acheter un ou plusieurs navires. Si la direction reste très discrète sur le sujet, le président reconnaît que le Méditerranée, le plus vieux bateau, sortira bien de la flotte après cette saison estivale. Et d'ajouter une indication, "avant de renouveler la flotte il faut faire d'abord un second bon exercice."

"Le but de la démarche est bien de sécuriser le transport de fret entre le continent et la Corse, axe qui reste prioritaire. Si un jour nous réalisons 100 000 tonnes avec le Maghreb, nous serons contents. Le potentiel n'est pas le même qu'avec la Corse ", affirme Pascal Trojani. Si l'île de Beauté représente les deux-tiers des activités de la compagnie, sur le fret ce ratio avoisine les 100%. Entre continent et Corse, le marché est évalué à 1,8 million de tonnes et se répartit actuellement entre Corsica Ferries, la Méridionale et Corsica Linea.

Une compagnie légèrement rentable

"Nous ne sommes pas là pour faire la bataille navale mais pour construire une belle compagnie", insiste le directeur général.

L'année 2017 se présente très bien. "Nous enregistrons 40% de plus de réservations sur la période du 15 juin au 15 septembre par rapport aux mêmes dates l'an dernier", dévoile Pierre-Antoine Villanova. Certes avec huit traversées en plus proposées, mais "la confiance revient... Nous sommes passés de l'esprit d'un grand groupe semi-public à une ETI (NDLR : Entreprise de taille intermédiaire) pragmatique avec un management direct", souligne-t-il. Mardi 20 juin 2017, il signait avec les syndicats un accord d'intéressement et de participation. Ce texte, voulu par la direction, va permettre aux salariés de pouvoir se répartir jusqu'à 1 M€ par an.

Si en 2016, la compagnie était "légèrement rentable", dixit son directeur général qui se refuse à donner un chiffre à part concéder être largement en dessous des 5% de rendement, elle devrait devenir "plus que rentable en 2017", selon une de ses nouvelles approximation. "Nous sommes sur une dynamique collective qui nous permet d'appréhender le futur sans angoisse. Nous avons dix-huit mois d'avance sur notre plan de route", insiste-t-il. La part de marché passagers devraient atteindre les 12 à 13% contre 10% en 2016.

Côté fret, Pierre-Antoine Villanova table sur plus d'1 million de tonnes en 2017 et donc près de 50% de parts de marché (40% en 2016). "Si nous craignons l'arrivée de nouveaux entrants sur le Maghreb, peut-être que d'autres pourraient craindre notre arrivée sur d'autres marchés", lance-t-il sibyllin avant de révéler, "nous envisageons des ouvertures de nouvelles lignes pour optimiser notre flotte en 2018. Les arbitrages s'effectueront vers octobre/novembre en essayant de ne pas refaire les mêmes erreurs que celles de la SNCM."

"Nous avons ramené sur le Port de Marseille beaucoup de passagers et de fret et tout le monde en bénéficie. Nous voulons qu'il redevienne le port de desserte de la Corse", conclut le directeur général.




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