
EUROPE / MEDITERRANEE. Se basant sur une enquête de l’OMS aux résultats explosifs en 2008, la Communauté européenne estime que quelques 300 000 décès prématurés dans l’Europe des 25 sont dus à la trop grande concentration de particules fines dans l’atmosphère.
Celles-ci, difficiles à définir, proviennent tout autant de chantiers du BTP que d’activités industrielles, des transports, ou même de pollens, et se mêlent dans les bronches humaines en causant des dégâts encore mal connus.
10% de ces décès interviendraient en France selon l’Agence de santé publique Afsset. Une norme européenne sur la concentration de ces particules fines dans l’air des villes devrait sortir dans les prochaines années.
C’est dans ce contexte que plusieurs villes-ports ont répondu à un appel à projet de l’UE, et vont recevoir 2,3 M€ pour étudier l’impact de leurs pollution sur la ville de leur implantation. Apice (pour Actions Port Industries Cités Emissions) a réuni à Marseille le 8 juillet 2010 pour la première fois l’ensemble des référents de cette étude pour un premier cadrage.
Un port et une université dans chaque ville-port

Venise, Barcelone, Thessalonique, Gênes et Marseille participent à ce projet. « Nous avons une connaissance commune, des problématiques ville-port semblables, et une approche de la question similaire » résume Salvatore Patti, le coordinateur italien du projet.
Les problématiques, ce sont celles d’un développement des activités portuaires compatibles avec la santé de plusieurs millions d’habitants, et parfois des activités mêmes des ports.
Ainsi précise Pedro Fernández i Bautista, de la fondation scientifique Centre Mediterrani EUCC, une ONG qui coordonne le projet à Barcelone. « Les navires ne sont pas seuls à polluer, mais encore le trafic des camions au sein même du port de Barcelone, dont les pollutions oxydantes nuisent y compris à certaines activités d’entreprises internes au port ».
Prévue sur 36 mois, Apice verra partout allié un organisme scientifique et un port. Ainsi à Thessalonique, explique Anastasia Poupkou, où l’Université de Thessalonique, mais aussi celle d’Ouest-Macédoine, chercheront particulièrement à bien déterminer les parts respectives de pollution particulaire dues au port maritime et à l’aéroport.
Normes plus sévères et pénalités de dépassement
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Venise, elle, a besoin de connaître son impact polluant pour décider entre plusieurs scénarios de développement portuaire, dit Francesca Liguori. « Cette étude était une bonne opportunité, au moment où des choix doivent être faits ».
Marseille, où l’association agréée pour la surveillance de la qualité de l’air Atmopaca travaillera avec le Grand Port Maritime de Marseille et l’Université de Provence (Laboratoire Chimie Provence, qui étudiera l’impact sanitaire de micro particules), le GPMM imagine depuis quelques années, d’interdire dans l’enceinte du Port le recours aux systèmes électriques des navires à quai.
« Ils dépendent d’énergies fossiles et polluent, nous leur substituerions une énergie fournie depuis le quai, dépendant du réseau, c'est-à-dire, dépendant essentiellement d’une énergie nucléaire peu impactante sur l’effet de serre » et ne diffusant pas de polluants particulaires, soutient Magali Devèze, directrice de l’Environnement au Grand Port Maritime de Marseille.
Au final, si chacun plaque ses problématiques propres sur l’étude financée à 75 % par l’UE, cette dernière demandera dans trois ans des plans d’actions pour que les ports réduisent leur impact atmosphérique.
« Il est clair qu’il y aura des pénalités ensuite pour ceux qui dépasseront les normes à venir » résume Dominique Robin, directeur d’Atmopaca. Des normes que l’UE pourrait aligner sur les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé, réputées les plus sévères à ce jour.
Une inconnue demeure, à peu près partout où le port s'est étendu sur un territoire plus large. L'impact polluant cadré sera t'il celui du port dans les murs, ou hors-les-murs ? Une problématique particulièrement intéressante à Marseille, où les bassins ouest, les plus importants, sont en fait à plusieurs kilomètres de Marseille et au coeur d'une zone très industrialisée, donc par ailleurs très polluante.
