
Un futur toujours incertain pour l'économie espagnole (photo F. Matéo)
ESPAGNE. Côté pile : l'économie espagnole se redresse. Après plus de six ans de crise continue, les indicateurs macro-économiques tendent vers de meilleurs horizons. Dernier signe en date : la baisse de la courbe du chômage pour le cinquième mois consécutif, avec 122 684 chômeurs en moins en juin 2014. Le nombre d'affiliés à la sécurité sociale espagnole augmente en même temps de 56 622 cotisants, ce qui représente le meilleur résultat pour un mois de juin depuis 2007.
« C'est une tendance qui s'accorde avec l'amélioration également constatée au niveau de la consommation des ménages, notamment au niveau des biens d'équipement de la maison », confirme Rafael Myro, professeur d’Économie Appliquée à l'Université Complutense de Madrid .
Cette reprise de la demande interne est cependant tempérée par le ralentissement des exportations espagnoles, qui s'explique en partie par le ralentissement de la consommation chez le voisin français, principal partenaire commercial de l’Espagne. Malgré tout, si cette dynamique de croissance se maintient comme le prévoit Rafael Myro, « le PIB espagnol devrait progresser cette année de 1%, voire plus. »
« C'est une tendance qui s'accorde avec l'amélioration également constatée au niveau de la consommation des ménages, notamment au niveau des biens d'équipement de la maison », confirme Rafael Myro, professeur d’Économie Appliquée à l'Université Complutense de Madrid .
Cette reprise de la demande interne est cependant tempérée par le ralentissement des exportations espagnoles, qui s'explique en partie par le ralentissement de la consommation chez le voisin français, principal partenaire commercial de l’Espagne. Malgré tout, si cette dynamique de croissance se maintient comme le prévoit Rafael Myro, « le PIB espagnol devrait progresser cette année de 1%, voire plus. »
Une société plus précaire
Côté face : la société espagnole se paupérise. Depuis 2008, le pouvoir d'achat a suivi une courbe inversement proportionnelle à celle du chômage, qui culmine toujours à plus de 25% de la population active et plus de 50% chez les jeunes. Ces derniers chiffres refroidissent à eux seuls toute velléité d'optimisme, même si les coreligionnaires de Mariano Rajoy ne se privent pas d'afficher une euphorie qui tient surtout de la méthode Coué.
Ce serait faire preuve d'aveuglement ou de mauvaise foi de ne pas constater les dégâts d'une politique d'austérité commencée d'ailleurs sous l'ère du président du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, par une diminution moyenne de 5% du salaire des fonctionnaires. Les associations humanitaires ont depuis longtemps tiré la sonnette d'alarme pour alerter l’opinion sur des choix politiques qui fragilisent les couches sociales les plus basses, et qui n'épargnent pas même les enfants, comme en témoigne le dernier rapport de l'Unicef sur ce thème.
Ce serait faire preuve d'aveuglement ou de mauvaise foi de ne pas constater les dégâts d'une politique d'austérité commencée d'ailleurs sous l'ère du président du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, par une diminution moyenne de 5% du salaire des fonctionnaires. Les associations humanitaires ont depuis longtemps tiré la sonnette d'alarme pour alerter l’opinion sur des choix politiques qui fragilisent les couches sociales les plus basses, et qui n'épargnent pas même les enfants, comme en témoigne le dernier rapport de l'Unicef sur ce thème.
Un pays d'immigration devenu terre d'émigration
Si l’on veut s'en tenir à des données économiques et sociales plus objectives, deux tendances permettent de mesurer ce recul de la société espagnole. D'abord la baisse du salaire moyen, qui se contracte pour la première fois depuis l’entrée de l’Espagne dans l’Union Européenne. Il s’établit à 22 726 € par an (selon les derniers chiffes de l'Institut National de la Statistique concernant les revenus de 2012). Ce qui représente une diminution de 0,8% du revenu annuel des salariés espagnols. L'autre indicateur est démographique, avec une tendance à l'émigration qui se confirme en Espagne : 80 000 ressortissants espagnols ont quitté le pays en 2013, soit 38% de plus en douze mois. Dont une grande part de jeunes diplômés.
2013 a même été une année record pour l'émigration en Espagne : en cumulant toutes les nationalités, ce sont plus d'un demi-million de personnes qui ont quitté le pays (547 890 exactement, selon les chiffres de l'Institut National de la Statistique). Les trois principaux pays d'émigration des Espagnols sont l’Équateur (en grande majorité dans ce cas des immigrés naturalisés ou fils d'immigrés équatoriens), la Grande Bretagne et la France.
Si l'on ajoute à cela la baisse du nombre de nouveaux résidents en Espagne, le pays voit sa population diminuer (mais aussi vieillir) pour la deuxième année consécutive. L'Espagne a perdu 220 130 habitants en 2013, pour une population totale de 46 507 760 habitants. Un facteur qui pèsera aussi à long terme sur le redressement économique.
2013 a même été une année record pour l'émigration en Espagne : en cumulant toutes les nationalités, ce sont plus d'un demi-million de personnes qui ont quitté le pays (547 890 exactement, selon les chiffres de l'Institut National de la Statistique). Les trois principaux pays d'émigration des Espagnols sont l’Équateur (en grande majorité dans ce cas des immigrés naturalisés ou fils d'immigrés équatoriens), la Grande Bretagne et la France.
Si l'on ajoute à cela la baisse du nombre de nouveaux résidents en Espagne, le pays voit sa population diminuer (mais aussi vieillir) pour la deuxième année consécutive. L'Espagne a perdu 220 130 habitants en 2013, pour une population totale de 46 507 760 habitants. Un facteur qui pèsera aussi à long terme sur le redressement économique.
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L'économiste Rafael Myro voit « la lumière au bout de l'année 2015 » (photo DR)
« Ajustements nécessaires »
Mais alors, comment expliquer ce paradoxe d’un pays qui a prétendument retrouvé le chemin de la croissance en perdant une grande part de sa richesse et de son attractivité ? L'économiste Rafael Myro y voit une sorte d'ajustement malthusien : « L'Espagne a connu un afflux de cinq millions d'immigrés dans les années 2000 ; un tel changement démographique est déjà difficile à absorber pour n'importe quelle économie, et bien sûr encore davantage depuis le début de la crise. »
Le professeur d’économie relativise selon cette même logique d'ajustement l'argument de " paupérisation " : « Il faut avoir conscience de la déconnexion qui s’était faite entre les salaires et la productivité dans notre pays, ce qui nécessitait une meilleure adéquation mise en œuvre à travers la réforme du travail menée par le gouvernement ; l'appauvrissement relatif qui s'en suit est le prix de la baisse du chômage. » CQFD.
Rafael Myro estime qu'il faudrait encore davantage de modération salariale, « dans des secteurs protégés comme la banque ou l'énergie ». On l'aura compris, selon l'économiste, « l'Espagne n'est pas encore sortie de la crise », comme le rappelle la masse persistante des 4,5 millions de chômeurs.
Le professeur d’économie relativise selon cette même logique d'ajustement l'argument de " paupérisation " : « Il faut avoir conscience de la déconnexion qui s’était faite entre les salaires et la productivité dans notre pays, ce qui nécessitait une meilleure adéquation mise en œuvre à travers la réforme du travail menée par le gouvernement ; l'appauvrissement relatif qui s'en suit est le prix de la baisse du chômage. » CQFD.
Rafael Myro estime qu'il faudrait encore davantage de modération salariale, « dans des secteurs protégés comme la banque ou l'énergie ». On l'aura compris, selon l'économiste, « l'Espagne n'est pas encore sortie de la crise », comme le rappelle la masse persistante des 4,5 millions de chômeurs.
Mais Rafael Myro voit « la lumière au bout de l'année 2015 », paraphrasant le président gouvernement Mariano Rajoy, qui annonçait déjà en 2013 « la lumière au bout du tunnel ». Même si la majorité de ses concitoyens et des entreprises espagnoles n'y voient toujours pas clair.
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