A lui seul, ce titre résume la position des Grecs vis-à-vis du Brexit. Ils s’en préoccupent, mais uniquement par rapport à la crise qui sévit depuis cinq ans. D'un côté, ceux qui s’inquiètent de voir l’Europe se désagréger, comme Christos Sakelariou. Ce professeur d'Italien, électeur du Syriza (parti de la gauche au pouvoir) estime que " sans les Anglais, l’Europe va s’effondrer et tous nos sacrifices vont partir à l’eau." En face, figurent ceux qui souhaitent cet effondrement à l'image d'Irini Kondaridou, quarante ans, professeure de lettres classiques et militante d’extrême gauche. "Que les Anglais réussissent ce que la gauche grecque n’a pas su faire, pour que l’on puise refaire une vraie Europe sociale."
Entre les deux, ceux très nombreux que ce Brexit fait rire. "Apo allou to perimenane, apou allou tous irthe" peut -on entendre sur les terrasses de cafés ces derniers jours ("Ils l’attendaient d’un coté, cela leur vient de l’autre"). Sous-entendu, l’Europe misait sur un Grexit c’est un Brexit qui l’attend !
Refus du Brexit par principe
En fait pour Thanos Condargyris, économiste, le Brexit fait surtout peur aux institutions européennes et à ce titre explique -t-il, "Bruxelles veut rassurer les opinions publiques." D'où, souligne-t-il, "les messages rassurants sur l’économie grecque. Il faut convaincre que l’Europe se trouve à la hauteur dans le dossier grec, qu’elle sait et peut résoudre la crise. Ce n’est pas un hasard si un accord a été trouvé à la dernière minute entre Athènes et ses créanciers. Mais, rien n’est moins faux." Et ce cofondateur d’Attac Grèce de prédire : "Jusqu’au référendum tout ira mieux dans la meilleure des Europe. Après, en fonction du vote, c’est l 'inconnu surtout pour la Grèce."
D’ici là, les créanciers serrent un peu plus la vis au pays et exigent la privatisation effective de l’ancien aéroport d’Héllénikon vendu 915 M€ pour procéder au prochain versement du prêt promis. Quant il se trouvait dans l’opposition, Alexis Tsipras avait dénoncé cette privatisation "comme un bradage inadmissible qui bénéficie aux amis d’Antonis Samaras", premier ministre de l’époque. De fait, le groupe Liatsos proche des conservateurs se retrouve parmi les acquéreurs. Du coup, même si des négociations "sont toujours en cours pour préserver le bien public", le protocole d’accord sur cette vente a été signé au grand dam des électeurs du Syriza qui s’estiment un fois de plus trahis.