
Les Premiers ministres de Macédoine du Nord et d'Albanie, ainsi que le président serbe ont signé un accord de libre-échange (photo : Gouvernement de Macédoine du Nord)
BALKANS OCCIDENTAUX. Lassés de stagner dans la file d'attente pour entrer dans l'Union européenne, trois pays des Balkans occidentaux décident d'avancer ensemble par leurs propres moyens. Fin juillet 2021à Skopje, lors du Forum économique sur la coopération régionale, l'Albanie, la Macédoine du Nord et la Serbie ont signé un accord de libre-échange baptisé "Open Balkans".
L'idée avait été évoquée dès le début des années 1990 dans cette péninsule méditerranéenne, avant de tomber aux oubliettes à cause de la guerre de Yougoslavie (1991-2001). Elle avait été relancée en 2018 par l'Albanie. Puis, les négociations ont officiellement débuté à partir d'octobre 2019 à Novi Sad (Serbie) lors d'un forum économique de coopération régionale organisé par les chambres de commerce et d'industrie des trois pays et présidé par Edi Rama, premier ministre albanais, Zoran Zaev, son homologue pour la Macédoine du Nord, et Alexandar Vucic, président serbe.
En passant du projet à la réalité, l'initiative a troqué son nom initial de "Mini-Schengen" pour prendre celui d'"Open Balkans", afin de mieux lisser la référence à la convention de Schengen - le modèle pourtant - encadrant l'ouverture des frontières entre vingt-six pays pays d'Europe (22 de l'UE + la Norvège, le Liechtenstein, la Suisse et l'Islande).
L'idée avait été évoquée dès le début des années 1990 dans cette péninsule méditerranéenne, avant de tomber aux oubliettes à cause de la guerre de Yougoslavie (1991-2001). Elle avait été relancée en 2018 par l'Albanie. Puis, les négociations ont officiellement débuté à partir d'octobre 2019 à Novi Sad (Serbie) lors d'un forum économique de coopération régionale organisé par les chambres de commerce et d'industrie des trois pays et présidé par Edi Rama, premier ministre albanais, Zoran Zaev, son homologue pour la Macédoine du Nord, et Alexandar Vucic, président serbe.
En passant du projet à la réalité, l'initiative a troqué son nom initial de "Mini-Schengen" pour prendre celui d'"Open Balkans", afin de mieux lisser la référence à la convention de Schengen - le modèle pourtant - encadrant l'ouverture des frontières entre vingt-six pays pays d'Europe (22 de l'UE + la Norvège, le Liechtenstein, la Suisse et l'Islande).
Libre circulation des biens et des personnes
Ayant nécessité huit sommets intergouvernementaux avant d'être formalisé, ce texte va simplifier la circulation des biens et des personnes. Des voies rapides de passage prioritaire aux postes frontières seront, par exemple, réservées aux habitants des signataires.
Outre le fait qu"Open Balkans" favorisera le commerce trilatéral, le marché du travail bénéficiera également de ce rapprochement avec une facilitation de la délivrance des permis de travail aux citoyens d'un pays dans les deux autres, ainsi que la reconnaissance mutuelle de leurs diplômes et qualifications professionnelles. Il inclut également un accord de prévention et de coordination face aux catastrophes naturelles.
Outre le fait qu"Open Balkans" favorisera le commerce trilatéral, le marché du travail bénéficiera également de ce rapprochement avec une facilitation de la délivrance des permis de travail aux citoyens d'un pays dans les deux autres, ainsi que la reconnaissance mutuelle de leurs diplômes et qualifications professionnelles. Il inclut également un accord de prévention et de coordination face aux catastrophes naturelles.
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"Open Balkans" sera opérationnel d'ici le 1er janvier 2023, avec l'ouverture effective des frontières. L'initiative s'assume comme une première marche, une antichambre, avant l'adhésion de ses membres à l'Union européenne et les préparera à l'intégrer. "Nous commençons aujourd'hui à faire dans la région ce que nous ferons demain dans l'UE", commentait Edi Rama, Premier ministre albanais lors de la signature de cet accord. Tous restent cependant amers du manque manifeste de volonté de l'UE de les intégrer. Edi Rama est même allé jusqu'à comparer la coopération avec Bruxelles à la pièce de théâtre "En attendant Godot" de Samuel Becket.
Zoran Zaev s'est lui plaint de rester au seuil de l'UE alors que son pays, la Macédoine du Nord, comme l'Albanie, aurait rempli tous les critères d'entrée. Aleksandar Vucic évoque lui "une fatigue de l'élargissement dans l'UE. Nous devons voir ce que nous pouvons faire pour nous-mêmes à la place, ce que nous pouvons faire pour nos citoyens, comment nous pouvons étendre nos marchés."
Sur les cinq candidats actuels à l'adhésion (Albanie, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie, Turquie), quatre se situent dans les Balkans occidentaux. Mais, à ce jour, la Serbie demeure la seul d'entre eux à avoir démarré, en 2014, le processus des négociations préalable à son adhésion. La Croatie est non seulement le dernier pays de la région à avoir pu bénéficier de ce statut à compter du 1er juillet 2013, mais elle demeure aussi le dernier en date à être devenu État membre.
Zoran Zaev s'est lui plaint de rester au seuil de l'UE alors que son pays, la Macédoine du Nord, comme l'Albanie, aurait rempli tous les critères d'entrée. Aleksandar Vucic évoque lui "une fatigue de l'élargissement dans l'UE. Nous devons voir ce que nous pouvons faire pour nous-mêmes à la place, ce que nous pouvons faire pour nos citoyens, comment nous pouvons étendre nos marchés."
Sur les cinq candidats actuels à l'adhésion (Albanie, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie, Turquie), quatre se situent dans les Balkans occidentaux. Mais, à ce jour, la Serbie demeure la seul d'entre eux à avoir démarré, en 2014, le processus des négociations préalable à son adhésion. La Croatie est non seulement le dernier pays de la région à avoir pu bénéficier de ce statut à compter du 1er juillet 2013, mais elle demeure aussi le dernier en date à être devenu État membre.
Le Kosovo très critique sur l'initiative
Depuis le début des discussions, cet accord a vocation à accueillir d'autres pays des Balkans occidentaux, et idéalement les six qui les constituent. Mais, pour l'instant, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro réservent leur réponse, alors que le Kosovo a clairement rejeté toute participation à cette zone de libre-échange. Prêt à intégrer cette initiative, le Kosovo y a finalement renoncé à la faveur d'une alternance politique lors des législatives de février 2021. En arrivant au pouvoir, la gauche souverainiste a cessé les discussions. Depuis 2020, Albin Kurti, devenu depuis Premier ministre, fait part de ses craintes de voir la Serbie s'appuyer sur ce projet pour recréer "une quatrième Yougoslavie".
Qualifiant récemment "Open Balkans" d'initiative "sans vision" pour la région, il dénonce aussi une tentative, grâce à cette entente, du président serbe Aleksandar Vucic d'ouverture des Balkans à la Chine, au détriment de l'UE. Il est vrai que Belgrade travaille simultanément à sa candidature à l'UE, à un accord de libre-échange avec l'Union économique eurasienne (UEEA) et développe des relations étroites avec la Chine.
"Ceci laisse croire qu'il existe une autre alternative que la voie commune de la région vers l'UE. Transmettre ce message est aussi dangereux que les retards pris dans l'intégration européenne", analyse Donika Gërvalla, ministre kosovare des Affaires étrangères. Albin Kurti appelle plutôt la région à conclure un accord commercial avec l'Union européenne.
Reste que la non-reconnaissance par Belgrade du Kosovo - qui a proclamé unilatéralement son indépendance de la Serbie en février 2008 -, n'aurait pas manqué de poser des problèmes dans ce nouveau regroupement.
Qualifiant récemment "Open Balkans" d'initiative "sans vision" pour la région, il dénonce aussi une tentative, grâce à cette entente, du président serbe Aleksandar Vucic d'ouverture des Balkans à la Chine, au détriment de l'UE. Il est vrai que Belgrade travaille simultanément à sa candidature à l'UE, à un accord de libre-échange avec l'Union économique eurasienne (UEEA) et développe des relations étroites avec la Chine.
"Ceci laisse croire qu'il existe une autre alternative que la voie commune de la région vers l'UE. Transmettre ce message est aussi dangereux que les retards pris dans l'intégration européenne", analyse Donika Gërvalla, ministre kosovare des Affaires étrangères. Albin Kurti appelle plutôt la région à conclure un accord commercial avec l'Union européenne.
Reste que la non-reconnaissance par Belgrade du Kosovo - qui a proclamé unilatéralement son indépendance de la Serbie en février 2008 -, n'aurait pas manqué de poser des problèmes dans ce nouveau regroupement.
L'UE préfère un processus impliquant tous les pays de la région
L'Union européenne demeure plutôt silencieuse sur cet évènement. La porte-parole de la Commission européenne, Ana Pisonero, a regretté que les six pays de la région ne soient pas tous partie prenante. "Nous nous félicitons des engagements pris par les dirigeants en faveur de la coopération régionale, élément essentiel de la perspective européenne des Balkans occidentaux et partie intégrante du processus de stabilisation et d'association. Nous comprenons le souhait d'aller de l'avant. Dans le même temps, un processus impliquant l'ensemble de la région des Balkans occidentaux est essentiel. Dans ce contexte, il est important que la région avance dans la mise en place d'un marché régional commun, un engagement politique pris par les six dirigeants de la région lors du sommet de Sofia à l'automne dernier", indique-t-elle dans un entretien avec le journal kosovar Gazeta Express.
L'Union européenne préfère s'inscrire dans le processus de Berlin initié en 2014 dans la capitale allemande pour renforcer la coopération régionale. Il se base sur un soutien économique, adopté en octobre 2020, pouvant mobiliser jusqu'à 9 mrds€ de subventions européennes pour les Balkans occidentaux. Ainsi qu'un nouveau mécanisme de garantie permettant de générer des investissements allant jusqu'à 20 mrds€. Un mois plus tard, à Sofia lors du septième sommet consacré aux relations entre l'UE et les Balkans occidentaux, Emmanuel Macron insistait : "il est essentiel que nous maintenions et renforcions ce dialogue très important avec les Balkans occidentaux : ils appartiennent à l'Europe, géographiquement, historiquement et culturellement. Et permettez-moi de réaffirmer très clairement que la France soutient la perspective européenne des Balkans occidentaux." Le chef de l'Etat français emboitait le pas d'Ursula von der Leyen qui voit dans cette région "une priorité absolue (...) L'avenir de la région est dans l'Union européenne."
Lors du huitième sommet, en juillet 2021, la présidente de la Commission européenne tenait le même discours : "notre première priorité est d'accélérer le programme d'élargissement dans la région et de soutenir nos partenaires des Balkans occidentaux dans leur travail pour mettre en œuvre les réformes nécessaires pour avancer sur leur voie européenne. Mais notre engagement avec les Balkans occidentaux va au-delà, et le processus de Berlin a servi d'incubateur à de nombreuses initiatives qui font désormais partie intégrante de la politique de l'UE vis-à-vis de la région. Ensemble, nous avons posé les jalons d'une Europe plus durable, plus numérique et plus résiliente."
L'Union européenne préfère s'inscrire dans le processus de Berlin initié en 2014 dans la capitale allemande pour renforcer la coopération régionale. Il se base sur un soutien économique, adopté en octobre 2020, pouvant mobiliser jusqu'à 9 mrds€ de subventions européennes pour les Balkans occidentaux. Ainsi qu'un nouveau mécanisme de garantie permettant de générer des investissements allant jusqu'à 20 mrds€. Un mois plus tard, à Sofia lors du septième sommet consacré aux relations entre l'UE et les Balkans occidentaux, Emmanuel Macron insistait : "il est essentiel que nous maintenions et renforcions ce dialogue très important avec les Balkans occidentaux : ils appartiennent à l'Europe, géographiquement, historiquement et culturellement. Et permettez-moi de réaffirmer très clairement que la France soutient la perspective européenne des Balkans occidentaux." Le chef de l'Etat français emboitait le pas d'Ursula von der Leyen qui voit dans cette région "une priorité absolue (...) L'avenir de la région est dans l'Union européenne."
Lors du huitième sommet, en juillet 2021, la présidente de la Commission européenne tenait le même discours : "notre première priorité est d'accélérer le programme d'élargissement dans la région et de soutenir nos partenaires des Balkans occidentaux dans leur travail pour mettre en œuvre les réformes nécessaires pour avancer sur leur voie européenne. Mais notre engagement avec les Balkans occidentaux va au-delà, et le processus de Berlin a servi d'incubateur à de nombreuses initiatives qui font désormais partie intégrante de la politique de l'UE vis-à-vis de la région. Ensemble, nous avons posé les jalons d'une Europe plus durable, plus numérique et plus résiliente."
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