
Si les processus de transition politique, qui ont certes suivi des chemins divergents selon les pays, semblent en marche, la transition économique semble quant à elle, en panne en raison de l’incapacité structurelle de ces pays à assurer l’inclusion et la durabilité de la croissance. La situation du chômage des jeunes et des femmes s’aggrave.
Dans certains pays arabes méditerranéens, le taux de chômage atteint 20 à 25 % chez les jeunes voire plus encore chez les diplômés de l’université et les femmes, ces dernières ayant l’un des taux d’activité les plus faibles au monde.
Accélérer le rythme des réformes qui reste insuffisant par rapport aux urgences
Pourtant, bien que réelles, ces réformes restent limitées (2). Des réformes économiques tardent à venir alors même que l’investissement à long terme demeure encore non-attractif. La région est perçue comme une région de fractures et d’insécurités récurrentes, fragilisant le processus politique et handicapant les gouvernements dans leurs efforts de création d’emplois notamment dans le secteur privé.
Penser des stratégies industrielles complémentaires pour permettre la coproduction
Il n’existe pas non plus de stratégies de sous-ensembles (Maghreb- Machrek) jouant sur la complémentarité des économies pour constituer des bases productives où pourraient être développées des coproductions Nord-Sud et Sud-Sud.
Qu’on en juge : Le commerce entre les pays du Maghreb ne représente en moyenne que 3% des échanges globaux de ces pays, soit le taux d'intégration le plus faible au monde. À titre comparatif, ce taux est de 60% pour les pays de l’Union européenne, 25% pour l’Asean (Asie du Sud-Est), 15% pour le Mercosur (Amérique du Sud) et 9% pour la Cedeao (Afrique de l’Ouest).
Le modèle industriel maghrébin, basé sur la mise en place de systèmes off shore semble avoir atteint ses limites sous la pression de la transition politique et économique que vivent ces pays. Ce modèle a créé un tissu industriel à faible valeur ajoutée mais à forte utilisation d’emploi non qualifié et localisé sur les littoraux, proches des ports d’exportation.
Le besoin de renouveau du modèle est indéniable et devrait être pensé dans le cadre d’une meilleure répartition des ressources entre les zones côtières et l’intérieur des pays et vers des secteurs où peuvent être crées des emplois à plus haute valeur ajoutée.
Les stratégies industrielles doivent être repensées pour favoriser des coproductions à travers un ciblage sectoriel concerté entre les pays du Nord et du Sud de la Méditerranée autour de filières telles que l’agro-alimentaire, le textile, l’automobile, l’aéronautique, le numérique, la santé et l’énergie. Si elles étaient mises en place, ces stratégies assureraient deux à trois points de croissance supplémentaires par an pour chaque pays du Maghreb et feraient émerger des champions industriels régionaux.
Associer les entreprises au processus de la transition économique
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Les entreprises du Nord, du Sud et de l’Est de la Méditerranée sont également appelées à jouer un rôle important pour aider les gouvernements du Sud à retrouver au plus vite les chemins d’une croissance durable et soutenue au bénéfice des populations. D’où la nécessité de les consulter et de les associer à cette dynamique.
L’Union européenne doit apporter son concours à la transition économique des PSEM
Avec les Psem, l’UE tarde à prendre ses responsabilités. Un soutien fort de sa part aux transitions politiques et économiques en cours dans les Psem depuis les « printemps arabes » nés à Sidi Bouzid, en Tunisie, est pourtant indispensable pour construire l’espace de paix et de stabilité que portait le processus de Barcelone en 1995 et réaffirmé par l’Union pour la Méditerranée en 2008.
Il est urgent que l’Union européenne prenne la mesure des transformations que connaissent les pays du Sud de la Méditerranée et propose un partenariat euro-méditerranéen politique et économique renouvelé, associant les sociétés civiles et basé en termes économiques sur la coproduction.
(1) « L'Algérie et la Jordanie ont amélioré les infrastructures portuaires, réduisant ainsi les délais de traitement dans les ports terminaux, tandis que le Maroc a réduit le nombre de documents requis pour l'exportation. Ces réformes conduisent à des avantages tangibles pour les entrepreneurs. Il y a dix ans, un entrepreneur marocain devait attendre17 jours pour exporter les marchandises de son pays, alors qu’aujourd'hui il lui faut seulement 10 jours, soit autant qu’en Autriche ». Rapport de la Banque Mondiale.
(2) A titre d’exemple, l'exécution des contrats, le règlement de l'insolvabilité, la mise en place des PPP, ne sont pas concernés par la réforme.