
Ce décalage des moyens et des besoins attise la polémique. A l’unisson des écologistes, le président de la République, Giorgio Napolitano a appelé le gouvernement à investir « dans la sécurisation du territoire plutôt que dans les grands travaux pharaoniques ».
Une allusion directe au projet du pont sur le détroit de Messine, un chantier titanesque relancé le gouvernement de Silvio Berlusconi dont le devis est estimé à 6,1 Mds€.
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Le pont du détroit de Messine en question
Alors que les premiers coups de pelleteuses de l’ouvrage qui doit relier la Sicile au continent sont prévus pour l’année prochaine, le ministre des Transports et de l'Infrastructure Altero Matteoli refuse de faire l’amalgame.
Selon lui, le pont est construit par « le secteur privé » et « les travaux qui doivent accompagner la construction du pont » - d'un montant de 1,3 Mds€ supplémentaires - « auraient au contraire permis de réduire les dégâts de la catastrophe ».
Au delà de ces considérations financières, cette nouvelle catastrophe met en lumière l’incurie de la gestion locale. Les médias transalpins regorgent de témoignages et autres rapports qui pointent les carences de la planification urbaine.
Ainsi, à Gianpileri, bourgade de la périphérie de Messine dont le centre a été dévasté par les coulées de boues, la mairie avait autorisé la construction de maisons sur le lit d’un fleuve, au mépris des règles élémentaires de sécurité.
Un coût de 6 à 7 Mds€ par an

Cette insouciance, l’Italie la paie chaque année au prix fort : le déluge de Messine a fait 25 morts et 40 disparus et 700 sans abri ; six mois après le séisme de l’Aquila qui a fait plus de 300 victimes, plusieurs milliers d’habitants de la capitale des Abruzzes vivent encore dans des maisons préfabriquées.
Selon le responsable environnement du Parti démocrate (gauche), Ermete Realacci, « la facture des calamités naturelles se monte à 6-7 Mds€ par an » dans la botte.
Dans le même temps, le budget de l’Etat en faveur de la prévention des risques de glissement de terrain se réduit comme peau de chagrin : il a chuté de moitié entre 2008 et 2009 (de 510 à 269 M€) et devrait continuer à fondre en 2010 (120 M€).
De leur côté, les écologistes brandissent la carte des « écosystèmes à risque », un document réalisé par la Protection civile et l’association écologiste Legambiente qui dresse l’inventaire des risques sur l’ensemble du territoire.
Selon cet état des lieux, près de sept communes italiennes sur dix sont exposées à au moins un risque naturel. Parmi celles-ci, 1.700 (20 %) sont soumises au risque de glissement de terrain, 1.285 (16 %) au risque d’inondation et 2.596 (32 %) aux deux.
Plus grave, près de 77 % des communes concernées ont sur leur sol des maisons érigées dans les zones à risque et seulement une sur vingt a engagé un plan pour les supprimer. Et dans 42 % des communes l’entretien des cours d’eau et des digues est totalement déficient.